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19 septembre 2010 7 19 /09 /septembre /2010 09:36

Anne Ducros aComme promis, un aperçu des disques de jazz qui sortent en septembre. Certains sont déjà disponibles. D’autres le seront sous peu. Il s’agit bien sûr d’une sélection. Vous n’y trouverez pas les nombreux albums que je trouve peu intéressants. Je préfère vous parler des bons, bien que tous ne méritent pas la note maximale. Les meilleurs d’entre eux bénéficieront d’une chronique détaillée dans les jours ou les semaines qui viennent. Les parutions d’octobre seront traitées ultérieurement. Quelques probables réussites ne figurent pas dans ce choix forcément subjectif. N’ayant pas tout reçu, j’ignore lesquelles. Merci aux attachés de presse qui ne m’ont pas oublié.

Les sorties de septembre

-Renouvelant son répertoire, Pierre Christophe consacre aujourd’hui davantage de temps à ses propres compositions. Son trio habituel - Raphaël Dever à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie - s’est transformé en quartette, Olivier Zanot l’ayant rejoint il y a quelques mois au saxophone alto. “Frozen Tears“contient dix compositions originales du pianiste, dix miniatures pudiques et tendres dont les lignes mélodiques respirent le lyrisme. (Black & Blue / Socadisc. Sortie le 1 septembre)

 

-Dans “I Will Follow You“, son troisième album pour Bee Jazz, le saxophoniste Jérôme Sabbagh retrouve le guitariste Ben Monder qui joue depuis longtemps avec lui. Avec Daniel Humair à la batterie, le groupe prend des risques, improvise sans filet. Cela ne signifie nullement un abandon de la forme. Malgré sa forte propension à l’abstraction et une absence de vraies mélodies, le disque est étonnamment bien construit. (Bee Jazz / Abeille Music. Sortie le 2 septembre)

Scott Colley, cover

 

-Un casting alléchant sur “Empire“ le nouveau disque de Scott Colley. Ralph Alessi (trompette), Bill Frisell(guitare), Craig Taborn (piano) et Brian Blade (batterie) accompagnent le contrebassiste, également auteur de toutes les compositions. Du jazz moderne et inventif qui n’a pas peur d’innover. La guitare de Frisell la teinte délicatement de folk. (Cam Jazz / Harmonia Mundi. Sortie le 9 septembre)

 

-La musique savante et ouverte de Ralph Alessi ne rebutera pas les amateurs de jazz progressif. Dans “Cognitive Dissonance“ Jason Moran et Andy Milne au piano, Drew Gress à la contrebasse et Nasheet Waits à la batterie entourent le trompettiste new-yorkais, l’un des plus brillants de sa génération. (Cam Jazz / Harmonia Mundi. Sortie le 9 septembre)

M. Formanek, cover

 

-On retrouve le pianiste Craig Taborn très en forme dans “The Rub and Spare Change“, premier opus du contrebassiste Michael Formanek pour ECM. Le batteur Gerald Cleaver complète une section rythmique qui encadre parfaitement les solistes. Très soignées, les compositions laissent beaucoup de place à l’improvisation et au jeu collectif. Soliste fougueux, Tim Berne est ici étonnamment sage, sauf dans la dernière plage, une pièce free dont on peut se passer. (ECM / Universal. Sortie le 13 septembre)

 

-Mari et femme dans la vie, Bill Charlap et Renee Rosnes forment un duo de rêve dans “Double Portrait“, l’un des plus beaux disques de l’année. Loin de se provoquer en duel, les deux pianistes joignent leurs forces pour rendre la musique la plus lumineuse possible, la nourrir de bonnes idées mélodiques et de rythmes entraînants. On est content de retrouver Renee Rosnes sur Blue Note. Son dernier disque pour le label date de 1990. Un bail ! (Blue Note / EMI. Sortie le 13 septembre)  

Quest, cover

 

-Avec “Re-Dial“, un album live enregistré à Hambourg en 2007, Quest, groupe mythique des années 80 reformé en 2005, confirme sa bonne santé après quinze années de silence. Dave Liebman (saxophones), Richie Beirach (piano), Ron McClure (contrebasse) et Billy Hart (batterie) proposent toujours une musique à la fois puissante et lyrique. Le quartette reprend Pendulum de Beirach depuis longtemps à son répertoire et propose de nouvelles pièces constamment excitantes. (Out Note / Harmonia Mundi. Sortie le 23 septembre)

 

-Toujours sur Out Note, Kenny Werner sort “New York - Love Songs“ un album solo qui inaugure la série Jazz and the City associant une ville et un pianiste. Werner a choisi de nous transmettre ses impressions, sa vision de la mégapole américaine qu’il habite. Song of the Heart, Back Home Again et la première plage First Light / East River sont à écouter en priorité. (Sortie le 23 septembre)    

Youn Sun Nah, cover

 

-Youn Sun Nah possède incontestablement une voix. La chaleur de son timbre, sa parfaite diction suffisent à nous convaincre. Tout aussi varié que “Voyage“ auquel il succède, “Same Girl“traduit l’éclectisme de ses goûts musicaux. Au-delà du jazz, la chanteuse coréenne puise son répertoire dans la pop du groupe Metallica, les chansons de Randy Newman ou dans la folk music de Jackson C. Frank qui ne laissa qu’un seul album. (ACT / Harmonia Mundi. Sortie le 23 septembre)

 

-La musique “environnementale“ que propose Michel Benita dans “Ethics“, son nouvel album, n’est en rien anonyme. Michel peint des paysages de rêves à l’instrumentation insolite, saupoudre d’électronique une musique planante à l’instrumentation insolite qui associe koto, guitare, trompette (ou bugle) à sa contrebasse. Merveilleuse au koto, la japonaise Mieko Miyazakienvoûte par sa voix sensuelle. C’est aussi une belle réussite sonore qu’une prise de son très soignée restitue fidèlement. (Zig Zag Territoires / Harmonia Mundi. Sortie le 23 septembre).

Anne Ducros, cover

 

-Anne Ducros est une sacrée chanteuse. Son expérience lui permet d’être toujours à l’aise, de surmonter les partitions les plus difficiles. Dans “Ella, My Dear“, un hommage à la grande Ella Fitzgerald, un orchestre de cuivres rutilants (quarante-cinq musiciens) l’accompagne. Les arrangements ont été confiés à Ivan Jullien. Jean-Pierre Como au piano, Essiet Okon Essiet à la contrebasse et Bruce Cox à la batterie assurent la rythmique.  (Plus Loin Music / Harmonia Mundi. Sortie le 24 septembre)

 

-“VOYAGER, Live by Night“  a été enregistré au Sunside en octobre 2008 et à l’incontournable Festival Jazz-en-Tête de Clermont-Ferrand. Eric Harland, l’un des meilleurs batteurs de la planète jazz, y promène une équipe de musiciens musclés et pas manchots. Avec lui, le bouillonnant Walter Smith III au saxophone ténor, Julian Lage à la guitare, Taylor Eigsti au piano et Harish Raghavan à la contrebasse. Tous développent avec énergie d’acrobatiques chorus. La prise de son donne beaucoup de relief à ces concerts. On a comme l’impression d’y être ! (Space Time Records / Socadisc. Sortie le 24 septembre)

 

G. Laurent, cover Around Gigi-Le nouvel album de Géraldine Laurent s’intitule “Around Gigi“. Gigi c’est Gigi Gryce (1927-1983), saxophoniste à la sonorité cool, compositeur et arrangeur raffiné, fondateur du fameux Jazz Lab Quintet. Gryce enregistra ses premières faces sous son nom à Paris en 1953. Comme lui, Géraldine joue du saxophone alto et c’est sur cet instrument qu’elle reprend quelques-unes de ses compositions. Des morceaux d’Art Farmer, de Thelonious Monk et les siens complètent cette magnifique séance enregistrée en quartette avec Pierre de Bethmann au piano, Yoni Zelnik à la contrebasse et Franck Agulhon à la batterie. (Dreyfus Jazz / Sony Music. Sortie le 27 septembre)

 

-Troisième album du groupe suisse Ronin, “Llyria“ est aussi bon que les précédents. Nick Bärtsch, le leader du quintette, compose des modules de différentes durées au sein desquels cohabitent boucles rythmiques et figures répétitives. Il en résulte une musique hypnotique dont la tension ne faiblit pas. (ECM / Universal. Sortie le 27 septembre)

Jane Monheit, cover

 

-Dixième album de la chanteuse Jane Monheit, “Home“ rassemble des grands standards du jazz, des compositions de Rodgers & Hart, Arthur Schwartz & Howard Dietz, Irving Berlin, Jerome Kern et quelques autres. Quelques invités, parmi lesquels John Pizzarelli (voix et guitare) et Larry Goldings (piano), rejoignent son trio habituel : Michael Kanan au piano, Neal Miner à la contrebasse, Rick Montalbano à la batterie. (Emarcy / Universal. Sortie le 27 septembre)

 

ONJ, Shut Up cover

-La dernière bonne idée de Daniel Yvinec : confier la musique du nouveau disque de l’Orchestre National de Jazz à John Hollenbeck, un compositeur arrangeur new-yorkais qui à la tête de son propre big band conçoit une musique très originale. Comprenant deux CD(s), “Shut Up and Dance“ contient dix pièces spécialement écrites par Hollenbeck pour les dix musiciens de l’orchestre. Une onzième, for the band, et un court prologue complète un album dense, traversé de soudains afflux de couleurs. Souvent répétitive, la musique agence et fait tourner de surprenantes cellules rythmiques. D’un tissu sonore aux mailles très serrées, surgissent des mélodies étonnantes, des combinaisons harmoniques inattendues. L’une des bonnes surprises de cette rentrée. (Bee Jazz / Abeille Musique. Sortie le 30 septembre)  

Photo Anne Ducros © Ari Rossner / Plus Loin Music

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 09:16

Zeitlin Precipice, coverL’angoisse du pianiste devant les 88 touches de son clavier, Denny Zeitlin ne semble pas la connaître. A soixante-douze ans il en a vu d’autres. Il s’est produit dans les plus grands festivals américains, Newport et Monterey et “Cathexis“, son premier disque pour Columbia, date de 1964. Psychiatre, Zeitlin enseigne à l’Université de Californie (San Francisco) tout en trouvant le temps de se consacrer à son piano. Un face à face avec lui-même ne lui fait pas peur. Il a d’ailleurs enregistré plusieurs albums en solo dont un en 1992 au Maybeck Recital Hall. Pour qui sait s’en servir, l’instrument exprime les émotions les plus intimes et Zeitlin place beaucoup de tendresse dans ses ballades, que ce soit dans The We of Us écrit pour son épouse Joséphine et qu’il a précédemment enregistré en trio ou dans Out of My Dreams une composition de Richard Rodgers avec laquelle il prend certaines libertés rythmiques. Zeitlin reprend aussi un thème qu’il a écrit pour le film “Invasion of the Body Snatchers“ de Philip Kaufman (1978) pâle remake du long-métrage de Don Siegel qui porte le même nom. Zeitlin pose délicatement ses doigts sur les notes d’une mélodie derrière laquelle se profile l’ombre de Bill Evans, prend le temps de poser des couleurs sur la musique. Ce nouvel album ne contient pas que des morceaux lents. Lors de ce concert enregistré à Santa Barbara en janvier 2008, le pianiste change allègrement de tempo pour surprendre et maintenir l’attention. Il aime commencer par une improvisation libre et termine généralement ses prestations par quelque pièce spectaculaire. Dès Free Form, l’ouverture du disque, Zeitlin accapare tout le clavier. Le tempo est volontairement flou, propice à des vagues de notes plus ou moins abondantes. Les graves résonnent, puissantes, sous le poids d’une main gauche exceptionnelle qui plaque les accords d’un boogie-woogie malicieux. Le rythme accélère, Zeitlin enchaîne sur What is This Thing Called Love ? de Cole Porter, puis martèle puissamment les accords de Fifth House de John Coltrane. Imbriqués les uns dans les autres, les deux thèmes d’On the March, une ancienne composition pour la première fois enregistrée en solo, sont développés par les improvisations ouvertes et inattendues d’un pianiste espiègle qui semble connaître toute l’histoire du piano jazz et s’amuse à tremper ses notes dans le blues. Deluge de Wayne Shorter hérite du balancement rythmique du honky tonk, la main droite du pianiste prenant toutefois des libertés avec le genre. La virtuosité de Zeitlin est également manifeste dans une courte et ébouriffante version de Oleo, mais surtout dans le titre Precipice, véritable morceau de bravoure de l’album dans lequel, infatigable, il résume en huit minutes sa science pianistique. Un parfait contrôle de la dynamique de l’instrument s’allie à un sens aigu de la forme. Ici, l’harmonie hérite de diverses cadences et plonge ses notes brûlantes dans des baumes apaisants.   

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13 septembre 2010 1 13 /09 /septembre /2010 10:12

D.Douglas Band 

La crise ne semble pas affecter les sorties de disques, nombreuses en septembre. Octobre s‘annonce tout aussi riche. Comme chaque année avant les fêtes, les disquaires survivants font le plein de nouveautés. Il y en a pour tous les goûts et les bons ne se vendent pas forcément mieux que les autres. Bons ou mauvais, les disques existent et méritent de trouver acquéreur. Profitez-en. Certains éditeurs souhaitent les voir disparaître. Resteraient les téléchargements payants. Un site en ligne propose même la qualité “Studio Masters“ restituant à l’identique le son fourni par le studio d’enregistrement. Un CD gravé par ordinateur a toutefois une durée de vie bien inférieure à un CD vendu dans le commerce et il faut bien graver la musique pour l’écouter sur sa chaîne stéréo avec de vraies enceintes et un très bon ampli. Pourquoi imprimer soi-même pochettes et livrets, gâcher encre et papier ? Les CD commercialisés nous les offrent, comme naguère ces vinyles qui fleurissent à nouveau chez les disquaires. Certains éditeurs pensent même pouvoir imposer aux journalistes leurs nouveautés en téléchargement. Comme si nous étions prêts à nous enchaîner un peu plus encore à nos ordinateurs, à une technologie aliénante qui malgré ses bons aspects vole notre temps, accélère notre quotidien. Préparer ce blog et assurer son suivi demande déjà une disponibilité considérable. Sortez, faites un tour chez votre disquaire tant qu’il a encore pignon sur rue. Utilisez votre ordinateur avec modération. Un peu de courrier, quelques pages d’écriture, la consultation régulière de ce blogdechoc, quelques recherches sur Google lorsque l’on ne possède pas les ouvrages appropriés et tous à la campagne pour écouter le chant des oiseaux, s’alléger du poids des machines. Les disques que j’ai choisis de commenter n’ont pas été téléchargés mais m’ont été adressés par des attachés de presse consciencieux. Il s’agit d’une sélection, d’un choix d’enregistrements qui m’ont plu ou partiellement intéressé. Ils méritent des oreilles attentives. Quelques-uns d’entre eux auront droit à une chronique détaillée. Puissent mes commentaires vous aider à bien choisir les autres. Je vous propose aujourd’hui une première liste d’albums parus en août. Dans la semaine les nouveautés de septembre et dès que possible les parutions d’octobre. Bonne écoute à tous et à toutes. 

Sont parus en août:

D. Douglas & Keystone, cover-“Spark of Being“, le nouvel opus du trompettiste Dave Douglas sur Greenleafmusic, réunit Marcus Strickland au saxophone ténor, Adam Benjamin (du groupe Kneebody) au Fender Rhodes, Brad Jones à la contrebasse, Gene Lake à la batterie et DJ Olive aux platines. Musicien prolixe et auteur d’enregistrements inégaux, Douglas signe un de ses meilleurs disques. On peut se le procurer en import dans certaines FNAC de la capitale. 

 

-Denny Zeitlin, 72 ans, a beaucoup trop d’expérience pour se livrer stérilement a de la virtuosité pure. Le pianiste connaît par cœur le langage du bop et n’a jamais hésité à moderniser sa musique. S’il prend des risques dans “Precipice“, un concert en solo qui témoigne de sa grande connaissance de l’harmonie, il joue aussi des superbes ballades et improvise avec beaucoup d’originalité. (Sunnyside / Naïve. Sortie le 24 août)

 

Musica Callada, cover-Dans “Música Callada“ François Couturier (piano), François Méchali (contrebasse) et François Laizeau (batterie) accordent leurs instruments pour célébrer Federico Mompou (1893-1987), compositeur Catalan en avance sur son temps et auteur de nombreuses pièces pour piano. “Música Callada“ reste son cycle pianistique le plus abouti. La modernité harmonique de cette “musique silencieuse“ et délicate fait aujourd’hui le bonheur des jazzmen. (Zig Zag Territoires / Harmonia Mundi. Sortie le 26 août)

 

-Longtemps associé au pianiste Jean-Pierre Mas (“Rue de Lourmel“) Cesarius Alvim semble avoir définitivement abandonné la contrebasse qui l’a fait connaître. Dans “Duo : For Ever“ , l’instrument est confié à Eddie Gomez (Bill Evans, Steps Ahead, Manhattan Jazz Quintet) et Cesarius joue du piano. Leur musique discrète et sincère mérite une écoute attentive. (Plus Loin Music / Harmonia Mundi. Sortie le 26 août)

 

Liebman--cover.jpg-Le saxophoniste Dave Liebman aime décidément les duos. On se souvient du très beau “Bookends“ enregistré en 2002 avec Marc Copland pour hatOLOGY. Un autre pianiste l’accompagne ici. Jean-Marie Machado a du métier, des bonnes idées et joue un très beau piano. Pour cette séance, les deux hommes ont apporté de belles mélodies, et les enveloppent d’harmonies fines. Intitulé “Eternal Moments“ , leur rencontre n’est pas prête d’être oubliée. (Bee Jazz / Abeille Musique. Sortie le 26 août)

 

-Le premier disque en solo du pianiste Vijay Iyer surprend par son approche mélodique. On a connu Iyer plus mordant et abstrait. Dans “Solo“ son piano chante. Sa musique se fait lyrique et accessible. Un jalon important dans une carrière extrêmement prometteuse. On peut en lire une chronique détaillée dans ce blog. (ACT / Harmonia Mundi. Sortie le 26 août)

Chucho Valdés, cover

 

-Les métriques inhabituelles abondent dans “Chucho Steps“, nouvel album de Chucho Valdés et ses Afro-Cuban Messengers, mélange détonant d’improvisation et de virtuosité au sein duquel le jazz est très présent. Le titre du disque est un clin d’œil à John Coltrane. Le pianiste et ses musiciens rendent hommage à Joe Zawinul, à la famille Marsalis, et tentent de moderniser rythmiquement la musique afro-cubaine. (World Village / Harmonia Mundi. Sortie le 26 août)

 

N. Winstone, cover-Norma Winstone a beaucoup de métier. Elle possède un phrasé et un scat qui lui sont personnels. On ne change pas une équipe qui gagne et après “ Distances“, Prix du Jazz Vocal de l’Académie du Jazz en 2008, la chanteuse britannique retrouve dans “Stories Yet to Tell“ le clarinettiste autrichien Klaus Gesing (clarinette basse et saxophone soprano) et le pianiste italien Glauco Venier, ses musiciens habituels, pour un jazz de chambre intimiste qui vient bercer nos rêves. (ECM / Universal. Sortie le 30 août)

 

Photo Dave Douglas Band © Greenleafmusic

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 10:13

VIJAY IYER solo, coverAprès “Historicity“ enregistré en trio avec Stephan Crump et Marcus Gilmore, un disque à la pointe de la modernité, on espérait beaucoup de ce premier opus en solo. Privé de contrebasse et de batterie pour l’aider à tisser une toile de notes inattendues, le pousser à la déraison et à l’aventure, Vijay Iyer allait-il mener plus loin ses recherches harmoniques et rythmiques ? Adoptant un jeu plus lyrique, le pianiste surprend ici par la grande lisibilité de ses improvisations. Attachant beaucoup d’importance à la forme, il structure un discours musical ouvert au tumulte comme à l’émotion. S’il pratique un piano énergique et prend plaisir à épaissir ses notes, Iyer perd rarement de vue des mélodies qu’il encadre par des cadences martelées dans les graves. Le thème surgit parfois par effraction au sein de longues phrases acrobatiques, comme dans cette version d’Epistrophy dans laquelle s’entrelacent plusieurs rythmes. Jamais oubliées dans ces pages en solo, les mélodies restent présentes au sein même des morceaux les plus abstraits. Un thème rêveur et tendre se dessine ainsi dans les vagues de notes mouvantes et tourmentées d’Autoscopy. Celui de Patterns engendre un riff, un ostinato rythmique têtu et obsessionnel qui en encadre un second, flottant et onirique. Les mains puissantes du pianiste lui tricotent des notes aussi brillantes que des étoiles. Desiring est une mélodie délicate et un peu irréelle au rythme distendu. Iyer prend le temps de lui peindre de jolies couleurs. Les thèmes des standards qu’il reprend inspirent et guident ses pas de flâneur solitaire. Il s’attarde sur celui d’Human Nature, joue la grille de Darn That Dream avec des intervalles inhabituels, interprète Black & Tan Fantasy comme une marche funèbre tout en mêlant stride et ragtime à ses dissonances. Il aime jouer les notes graves de l’instrument et en fait profiter Fleurette Africaine, magnifique thème ellingtonien qu’il approche avec délicatesse et décline avec pudeur. On n’attendait pas Vijay Iyer aussi sage. Son piano chante. Personne ne s’en plaindra.

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7 septembre 2010 2 07 /09 /septembre /2010 14:50

Sofia Ribeiro-Organisés par Stéphane Portet, les Trophées du Sunside (9ème édition) ont démarré hier soir avec la prestation de trois premiers groupes. Difficile de faire un pronostic à l’écoute de musiques très différentes les unes des autres, le jazz, aujourd’hui pluriel, empruntant de nombreuses directions. Le jeune Roberto Negro est assurément un pianiste talentueux. Entourée d’un groupe très soudé, la chanteuse portugaise Sofia Ribeiro possède une jolie voix et scate sur des onomatopées qui n’appartiennent qu’à elle. Le jazz moderne que fait entendre Walabix interpelle. Gabriel Lemaire au saxophone alto et Quentin Biardeau au soprano mêlent ou décalent subtilement leurs voix mélodiques, Walabixsoufflent de longues phrases rêveuses. Le drumming d’Adrian Chennebault ne manque pas de finesse et Valentin Ceccaldi joue les basses sur un violoncelle ce qui donne au groupe une assise rythmique un peu sourde et une sonorité originale. La compétition reprend ce soir à 20h30 avec le Nicolas Sergio Quintet, Agathe Quartet et le Fiona Monbet Quartet. Les trois autres formations sélectionnées, DAD Quartet, Pierre HH Sextet et Némésis se produiront mercredi avant la délibération du jury. L’entrée de ces concerts est libre, mais une consommation est obligatoire.

 

-Du 30 septembre au 16 décembre, salle des colloques de la Cité de la Musique à 19h30, Vincent Bessières, ex-rédacteur en chef adjoint de Jazzman et commissaire de la récente exposition consacrée à Miles Davis dans cette même Cité de la Musique, animera un collège en 10 leçons sur le thème : où en est le jazz ? Réservations au 01 44 84 44 84. Renseignements: www.cite-musique.fr/francais/evenement.aspx?id=11239

Jazzycolor, affiche

 

  -Parrainé par Bojan Z, le prochain festival Jazzycolors (festival des instituts culturels étrangers à Paris) se déroulera du 11 au 27 novembre. 16 pays y participent cette année. Le guitariste Wolfgang Muthspiel et le trio du batteur Wolfgang Haffnery sont attendus. Tout le programme sur le site www.jazzycolors.net

Jef Neve, cover

 

 

-Le pianiste belge Jef Neve a enregistré un nouvel album en juillet avec Ruben Samama à la contrebasse et Teun Verbruggen à la batterie. Son titre: "Imaginary Road". En attendant sa sortie, on ne manquera pas d'assister à l'un des quatre concerts qu'il donne au Duc des Lombards en duo avec le chanteur José James les 13 et 14 septembre (20h et 22h).

Llyria, cover

 

-Ronin le groupe de Nik Bärtsch se produira au New Morning le 1 octobre. Le pianiste suisse compose des modules, met en boucle de courtes séquences rythmiques répétitives et minimalistes sur lesquelles les musiciens improvisent. Après “Stoa“ (2005) et “Holon“ (2008), Ronin sort “Llyria“  (ECM / Universal Music) un album aux rythmes tout aussi fascinants, mais davantage axé sur la mélodie. Outre Nik Bärtsch au claviers, la formationcomprend Sha à la clarinette basse et au saxophone alto, Björn Meyer à la basse, Kaspar Rast à la batterie et Andi Pupato aux percussions. Hypnose garantie.  

 

 

Jazz West Coast, cover-Auteur de “West Coast Jazz“, livre incontournable sur le sujet publié aux Editions Parenthèses en 1986, Alain Tercinet sort chez Frémeaux & Associés une anthologie de deux CD consacrée au jazz pluriel des westcoasters. Jazz West Coast, from Hollywood to Los Angeles 1950-1958 réunit quarante-deux morceaux de musiciens connus (Stan Kenton, Art Pepper, Gerry Mulligan, Shelly Manne, Chet Baker, Jimmy Giuffre, Shorty Rogers, Zoot Sims) et méconnus Lyle Murphy, Don Fagerquist, Duane Tatro, Bill Usselton). Certaines plages ont un peu vieilli, d’autres plus expérimentales conservent leur fraîcheur. Alain Tercinet n’a oublié personne. Dans le livret qui accompagne sa sélection, il raconte l’histoire du jazz californien et son texte est bien sûr passionnant. 

Jazz en Tête,affiche

 

-Le prochain Festival Jazz en Tête se déroulera à Clermont-Ferrand du 19 au 23 octobre. Mulgrew Miller en solo, le quintette du trompettiste Roy Hargrove, la chanteuse Roberta Gambarini, le trompettiste Stéphane Belmondo avec Kirk Lightsey au piano, Sylvain Romano à la contrebasse et Billy Hart à la batterie, le trio du saxophoniste Marcus Strickland et celui du pianiste Jacky Terrasson en seront quelques-uns des temps forts. Le programme complet sur www.jazzentete.com

 

 

Photos Sofia Ribeiro , Walabix   © Pierre de Chocqueuse

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 12:42

Trio-Music.jpgJEUDI 2 septembre

Le temps d’un concert, la Grande Halle de la Villette attendait la résurrection du trio aussi mythique qu’éphémère qui enregistra en 1968 “Now He Sings, Now He Sobs“ le disque qui nous fit découvrir Chick Corea alors âgé de vingt-sept ans. Deux albums (dont un double) chez ECM complètent un maigre corpus discographique qui a pourtant immortalisé le groupe. Ce Trio Music possède un son bien à lui qu’apportent la sonorité très mate de la caisse claire de Roy Haynes, ses cymbales très présentes associées à la contrebasse vrombissante et pneumatique de Miroslav Vitous.

Chick-Corea.jpgAu bout d’une queue interminable qui attendait patiemment l’ouverture des portes, les trois hommes étaient au rendez-vous, un peu plus vieux bien sûr, Vitous claudiquant, Corea tout sourire dissimulant son embonpoint sous une large chemise, Haynes, quatre-vingt-quatre ans et tout en blanc vêtu respirant la jeunesse. On espérait sans doute trop de ces retrouvailles dans un lieu peu idéal, trop grand malgré une bonne sonorisation. Nous fûmes nombreux à être un peu déçus.  Des musiciens de cette trempe possèdent trop de métier et d’expérience pour rater complètement leurs concerts, mais ce dernier ne fut que la répétition publique de ceux qui devaient suivre, une tournée de quelques dates. Essuyant les plâtres, le public parisien eut droit à une mise en place pifométrique, à une musique flottante dans des habits trop grands. Miroslav Vitous désespérément virtuose (un peu de laudanum lui ferait grand bien) joue sans cesse comme un soliste, comme s’il était seul sur scène. De la taille d’un violoncelle, sa contrebasse est reliée à une pédale wah-wah qui en déforme le son. Vitous peine alors à tenir des notes justes. On préfère voir ses doigts virevolter sur le manche pour en tirer des harmoniques. Chick Corea joue toujours un piano vif, nerveux qui sert les notes magnifiques qui lui passent par la tête, réservoir inépuisable d’idées lumineuses et de rythmes qui nous font voir le bleu du ciel. Roy Haynes tient la forme, la grande ! Malheureusement, les chorus incessants de Vitous empêchèrent toute fluidité musicale. Le pianiste ne put développer son jeu habituel. Le nez dans une pile de partitions, on le voyait hésiter, comme s’il ne savait quel morceau choisir dans un répertoire quelque peu oublié.

Roy-Haynes.jpgLes trois hommes interprétèrent quelques extraits de “Now He Sings, Now He Sobs“, Windows, I Don’t Know (de la même séance mais publié en 1976) un thème qu’il avoua n’avoir jamais repris sur scène, quelques notes de Matrix surgissant au sein d’une pièce mystère, Corea annonçant rarement les titres des morceaux comme si nous pouvions tous les reconnaître. Le trio trébucha sur quelques compositions de Thelonious Monk - Think of One, Straight no Chaser en rappel -, et nous offrit quelques standards. J’ai cru entendre Come Rain or Come Shine et Green Dolphin Street dans cette succession de moments inégaux, de hauts et de bas empêchant de rentrer complètement dans une musique qui aurait pu être meilleure.

Photos © Pierre de Chocqueuse

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1 septembre 2010 3 01 /09 /septembre /2010 09:19

Bitches Brew, 40th Septembre : on n'a jamais autant parlé des Sixties à la télévision que cet été. Arte a diffusé au mois d'août une série d'émissions sur les Beatles, la naissance de la pop music, la british blues explosion, les mods et les rockers, la yé-yé révolution, les plages des sixties (Saint-Tropez, Malibu, Daytona Beach, Copacabana)... La chaîne a également programmé "Pierrot le Fou" (1965) et "One + One" de Jean-Luc Godard, mais aussi les 17 épisodes de la série culte "Le Prisonnier" qui furent diffusés sur le réseau ITV à partir d'octobre 1967. Il est d'ailleurs plus judicieux de faire démarrer cette décade mythique cette année-là, la parution en novembre 1976 de "Anarchy in the U.K. des Sex Pistols (leur musique barbare et squelettique renvoyant à l'âge de pierre) en sonnant le glas. Mais les Sixties virent aussi un jazz en ébullition se transformer. De cela, Arte a très peu parlé. Entre les mains de quelques apôtres de la déconstruction qui préfèrent la fureur du bruit à la beauté du silence, il perd une partie de son public et son statut de musique populaire.
Bitches Brew, gatefoldLe free jazz (on dit aussi "New Thing" ou Nouvelle Chose), Philippe Koechlin ne l'apprécie pas trop. Rédacteur en chef de Jazz Hot depuis novembre 1962, il passe la main pour fonder Rock & Folk avec quelques amis. Son successeur Michel Le Bris accueille favorablement cette musique libertaire. Marquée par la linguistique et le structuralisme, la revue est alors illisible. Le Bris reviendra à une autre écriture, au sujet et au sens pour nous conter des histoires d'étonnants voyageurs dans des livres autrement passionnants. Boudé par la jeunesse, miné de l'intérieur par ses musiciens contestataires, le jazz trouva le moyen de refleurir en plein Flower Power. Si l'on examine le catalogue Blue Note des années 60, on est surpris d'y trouver les meilleurs enregistrements de son histoire. Don Cherry et Eric Dolphy y gravent leurs chefs-d'oeuvre. Certains des disques que sortent Andrew Hill, Jackie McLean, Tony Williams, Wayne Shorter et Herbie Hancock sont plus modernes et inventifs que la plupart des enregistrements actuels. Et que dire des magnifiques faces que John Coltrane édite sur Impulse!, "A Love Supreme" restant son plus bel opus.
Bitches Brew, bottlesEt comment oublier les disques que fait paraître Miles Davis, le jazz modal de "Sorcerer" et "Nefertiti", le jazz électrique de "In a Silent Way" et de "Bitches Brew" qui vont profondément marquer leur époque. Leurs chroniques dans Rock & Folk incitaient à les écouter et je leur dois ma découverte du jazz. Miles proposait une musique neuve et ouvrait des portes. Ses propres musiciens les franchirent pour fonder Weather Report, Return to Forever, le Mahavishnu Orchestra. Si Arte ne leur a pas consacré de sujet cet été, Jazz Magazine / Jazzman publie un passionnant dossier de seize pages sur "Bitches Brew" dans son numéro de septembre. L'album a quarante ans et Sony Music le ressort en octobre, une édition luxueuse comprenant CD(s), DVD, vinyles, livre, poster, le "must"  du collectionneur. La rentrée, c'est aussi la nouvelle édition du festival Jazz à la Villette qui a débuté le 31 août. Sa programmation me plaît davantage que les autres années. Les concerts que je recommande sont ceux qui me tentent le plus. Il y en a d'autres. Consultez le site du festival, j'en donne le lien. Les maisons de disques font aussi leur rentrée. Certaines galettes remplissent d'ores et déjà les bacs des disquaires. De nombreuses autres sont attendues en septembre. Les nouveautés qui me parlent feront prochainement l'objet d'articles dans ce qui est bien sûr le principal évènement de cette rentrée 2010, la réouverture de ce blogdechoc. Merci de suivre le blogueur de Choc.   
QUELQUES CONCERTS QUI INTERPELLENT 

Chick Corea©Lynne Goldsmith-Chick Corea et Roy Haynes ont tourné cet été en Europe au sein du Freedom Band. Les deux hommes seront rejoints par Miroslav Vitous pour un concert exceptionnel à la Grande Halle de la Villette le 2 septembre (deux autres concerts sont prévus en Italie, à Ischia et à La Spezia, mais c’est un peu plus loin). On se souvient des albums “Now He Sings, Now He Sobs“, “Trio Music“ et “Trio Music Live in Europe“  enregistrés avec la même équipe, des disques importants d’un trio éphémère que l’amateur de jazz n’a pas oublié. Sans nul doute le concert événement du mois.Chucho Valdes©Luca Podda

 

-Le 7, la Grande Halle de la Villette accueille l’Afro-Cuban Project de Chucho Valdés et Archie Shepp. En grande forme, le pianiste vient de sortir un album tout à fait recommandable.  Shepp, 73 ans, peut encore nous surprendre. On ne boudera pas cette rencontre.

ABCD of Boogie Woogie

-Du 7 au 10 inclus (à 20h et 22h), le Duc des Lombards programme The A, B, C, & D of Boogie Woogie, quartette dont le batteur n’est autre que Charlie Watts, le batteur des Rolling Stones. Avec lui, Axel Zwingenberger et Ben Waters, tous deux au piano, et Dave Green à la contrebasse. Sûr qu’il y aura du monde !  

 

-Toujours dans le cadre du Festival Jazz à la Villette, les amateurs de piano ne manqueront pas le 10 Paul Bley en solo à la Cité de la Musique. Cela fait un moment que l’on a plus entendu à Paris ce piano lyrique et singulier, expression d’un chant intérieur, d’un univers onirique dont la modernité reste d’actualité. En première partie, le pianiste Stéphan Oliva jouera des extraits de ses prochains albums consacrés aux films noirs. Sorties prévues fin novembre sur les labels Sans Bruit (en téléchargement) et Gonzalo Rubalcaba©Clay Patrick McBride Illusions.

Stephan-Oliva.JPG

-On retrouve Stéphan Oliva en duo avec François Raulin dans cette même Cité de la Musique le 11 (à 11h et à 15h), dans un programme for kids et grands enfants consacré à la BD “Little Nemo“ . Pour vous donner une idée de la musique, écoutez la pièce Little Nemo s’éveille sur “Ostinato“, album de Raulin chroniqué dans ce blog en janvier. Le soir, deux autres pianistes occuperont les lieux. Stefano Bollani en solo chauffera la salle (il en est très capable, n’en doutons pas) pour Gonzalo Rubalcaba, l’autre grand pianiste cubain de ce festival.

 

-Du 11 au 13, les amateurs de trio réunissant guitare, orgue et batterie ne manqueront pas au Sunset celui du guitariste Peter Bernstein, guitariste considéré à juste titre comme l’un des plus passionnants du moment. Ses deux complices sont tout aussi connus des aficionados. Larry Goldings a depuis longtemps montré son savoir-faire tant à l’orgue qu’au piano. Quant à Bill Stewart, la musicalité de son drumming en fait un des batteurs de jazz le plus José James & Jef Nevedemandé.

 

-La voix chaude et grave de José James a trouvé avec le piano de Jef Neve, l’écrin qui la met superbement en valeur. Les deux hommes se sont rencontrés en Belgique en 2008 et depuis donnent régulièrement des concerts. En duo, ils reprennent des standards, les rendent les plus beaux possible. Le piano sert le chant par un jeu sobre. Ses solos recèlent des notes délicates. Assurément le charme opère. Ecoutez “For All We Know“ l’album qu’ils ont enregistré, et rendez-vous les 13 et 14 au Duc des Lombards. Ces messieurs vous y attendent.

Pierrick Pedron

-On retourne au Duc les 17 et 18 pour découvrir le nouveau groupe de Pierrick Pedron, l’un des meilleurs saxophonistes alto de l’hexagone. Après l’aventure “Omry“, Pierrick revient au bop avec une formation européenne, son European Meeting comprenant le guitariste hollandais Jesse Van Ruller, le pianiste allemand Florian Ross à l’orgue (ce dernier vient de sortir sur le label Pirrouet “Mechanism“ un disque de piano solo très attachant), Thomas Bramerie à la contrebasse et le batteur canadien installé en France Karl Jannuska.

Enrico Pieranunzi

-Après avoir participé cet été au Festival Pianissimo du Sunside (en trio avec Diego Imbert et André Ceccarelli, un concert époustouflant !), le maestro Enrico Pieranunzi retrouve le club les 22 et 23 pour une série de duos avec son compatriote Rosario Giuliani, saxophoniste très talentueux, l’un des meilleurs spécialistes italiens de l’alto.

 

-A l’occasion du 30ème anniversaire de la disparition de Bill Evans, le pianiste Giovanni Mirabassi lui rend hommage en trio au Duc des Lombards les 23 et 24 (avec Gianluca Renzi à la contrebasse et Eliot Zigmund qui fut l’un des batteurs d’Evans). Cette célébration se poursuit le 25 avec un duo Mirabassi – David Linx. Les deux hommes reprendront le répertoire qu’Evans avait enregistré avec Tony Bennett pour Fantasy (10 et 13 juin 1975) et Improv (27 et 30 septembre 1976).              

Nelson-Veras.JPG

-Le contrebassiste Stéphane Kerecki abandonne provisoirement son trio pour de nouvelles aventures musicales. John Taylor est probablement le pianiste britannique le plus subtil tant sur le plan des harmonies que de la finesse de son toucher. Nelson Veras est un jeune prodige de la guitare. Son plus récent album en solo sur Bee Jazz le démontre. Stéphane les accompagne au Sunside les 24 et 25, deux concerts qui officialisera la naissance d’un nouveau trio sûrement très riche en harmonies fines, en subtilités mélodiques. Un enregistrement est prévu pour le label Zig Zag Territoires.

F. Couturier

-Couturier, Méchali, Laizeau se prénomment tous les trois François, comme pour ne faire qu’un avec la musique qu’ils célèbrent sur “Musica Callada“, album consacré aux merveilleuses musiques de Federico Mompou qui vient de paraître. Pour fêter sa sortie, ils se produisent au New Morning le 27 avec bien sûr leurs instruments respectifs : piano, contrebasse, batterie. On attend ce concert avec impatience.

 

-Le 30, le Sunside accueille le contrebassiste Christian Brazier avec le groupe qui l’accompagne dans “Circumnavigation“ son dernier disque, à mon avis son meilleur. Son quartette comprend Christophe Leloil à la trompette et au bugle, Pierre ChristophePerrine Mansuy au piano et au Fender Rhodes et Jean-Luc Di Fraya à la batterie. Ensemble, ils colorent des paysages, de vastes mers sur lesquelles navigue notre imagination. Son Grand Bleu est celui du jazz ; il fait bon y plonger. -Ecouter Pierre Christophe dans un club parisien ne constitue pas un événement dans la mesure où il se produit souvent. Avec son groupe, un quartette depuis qu’Olivier Zanot l’a rejoint au saxophone alto, le pianiste joue beaucoup et c’est tant mieux. Le concert qu’il donnera au Duc des Lombards également le 30 est toutefois un peu spécial, Pierre fêtant la sortie d’un nouvel album, “Frozen Tears“ que vous pouvez dès à présent acquérir.

 

Jazz à la Villette, bandeau

Festival Jazz à la Villette : http://www.jazzalavillette.com

Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

Sunset - Sunside :   http://www.sunset-sunside.com

New Morning : http://www.newmorning.com

 

PHOTOS :  Stéphan Oliva, Pierrick Pedron, Enrico Pieranunzi, Nelson Veras, François Couturier, Pierre Christophe / Olivier Zanot © Pierre de Chocqueuse - Chick Corea © Lynne Goldsmith - Chucho Valdés © Luca Podda   - Gonzalo Rubalcaba © Clay Patrick McBride - José James & Jef Neve © Nathan Gallagher / Universal Music. 

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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 12:55

Comme l’an passé, le blogueur botte en touche, vous souhaite un bel été, et vous donne rendez-vous en septembre......................................................................


Farniente été 2010

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15 juillet 2010 4 15 /07 /juillet /2010 11:47

To the Moon, coverL'introduction de Moonfleck qui ouvre l’album est inoubliable. Au souffle de la clarinette basse succède le violoncelle exposant un bref motif mélodique. Le piano y répond par des harmonies délicates aux couleurs de la nuit. Enfermés dans un studio de Minneapolis par une journée d’hiver froide et belle, Jean-Marc Foltz, Matt Turner et Bill Carrothers ont enregistré dans une obscurité complète une musique entièrement improvisée. « What are we going to play ? » ont demandé Bill et Matt. « Let’s find some music, somewhere… over the rainbow » leur a répondu Jean-Marc. En route pour la lune, les trois hommes ont gravé ce jour-là, une page musicale d’une grande richesse poétique, une musique de chambre inclassable relevant autant du jazz que de la musique contemporaine. Dialogue inspiré entre le violoncelle et la clarinette qu’arbitre un piano obsédant, Gallows Song est une pièce si bien structurée qu’on la croirait écrite. Clarinette (basse ou en si bémol selon les plages), violoncelle et piano inventent constamment d’éphémères mélodies qui servent de point de départ au discours musical. Elles peuvent aussi naître spontanément au sein des improvisations et se greffer sur des motifs rythmiques. Dans Black Butterflies, le piano impose ainsi une cadence sur laquelle la clarinette basse improvise, Foltz esquissant les pas de danse d’une mélopée lyrique. Il en va autrement dans To Colombine où la clarinette basse commence par introduire la mélodie en solo. Le piano reste toutefois au cœur du dispositif orchestral. Comme Philippe Ghielmetti se plait à le dire, Bill Carrothers aime les tempos « lents, plus lents, et encore plus lents ». Il assoit la tonalité, donne une réelle assise harmonique et rythmique à la musique et imagine des mélodies ou des semblants de thèmes, la musique étant enrichie collectivement par les membres du trio. A Pale Washerwoman, Crosses ou Moondrunk sont construits sur les accords du piano. Jean-Marc Foltz reprend les notes de Moondrunk à la clarinette basse et improvise des phrases constamment mélodiques. Dans Old Pantomines, les cordes du piano font vibrer le timbre de la caisse claire qui est posée dessus. Carrothers utilise aussi les cordes métalliques de son piano pour rythmer l’inquiétant Knitting Needles, pièce abstraite dans laquelle l’archet du violoncelle émet des glissandos fascinants. Bien qu’austère, cette musique n’en reste pas moins prenante et admirable. Le disque s’achève sur Prayer, une improvisation de plus de huit minutes confiée à la clarinette et que le piano accompagne sobrement. La clarinette possède une grande tessiture et Foltz souffle l’extase, trouve les notes les plus hautes d’un moment irréel précieusement conservé.

 

Dernière chronique avant une rentrée qui s’annonce riche en nouveautés (nouveaux albums de Fred Hersch, Norma Winstone, David Linx, Vijay Iyer, Manuel Rocheman, Ralph Alessi, Laurent Cugny, Denny Zeitlin, Charles Lloyd, Quest, Aldo Romano, Géraldine Laurent pour n’en citer que quelques-uns), “To the Moon“ s’écoute de préférence dans l’obscurité et dans un complet silence. Je l’emmène avec moi en vacances pour donner du son à mes nuits estivales.

 

  Grandes-vacances.jpg

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12 juillet 2010 1 12 /07 /juillet /2010 10:27

Al Jarreau aJEUDI 1er juillet

Al Jarreau aurait pu faire une extraordinaire carrière de chanteur de jazz. Il a préféré plaire à un public plus large, faire certaines concessions commerciales. Il s’efforce toutefois de satisfaire tout le monde lors de ses concerts et dose très habilement son répertoire pour un public européen exigeant. L’Olympia l’accueillait un premier jour de juillet caniculaire. Portant béret, mince, la peau parcheminé comme celle d’un vieil indien, le regard pétillant de malice, il arpente Al Jarreau cla scène avec quelque difficulté, mais nous fait vite oublier les soixante-dix ans qu’il porte depuis le 12 mars dès qu’il commence à chanter. Si sa voix s’est un peu tassée dans l’aigu, il conserve une large tessiture qui lui permet des sauts de registre impressionnant surtout dans les graves. Il possède aussi une grande maîtrise du scat, ses onomatopées rythmiques ressemblant souvent à de véritables percussions vocales. Al bien sûr n’est pas seul et certains musiciens qui l’entourent travaillent avec lui depuis longtemps. Aux claviers et aux saxophones (ténor et soprano) qu’il utilise peu, Joe Turano « a old friend from Milwaukee » fait office de directeur musical de la formation et indique à ses collègues le nombre de mesures qu’ils leur restent à jouer. Bien que discret, le pianiste, Larry Williams a la charge du piano et occasionnellement joue de la flûte. On lui doit une grande partie des arrangements d’“Accentuate the Positive“, album de 2004 largement constitué de standards dans lequel Mark Simmons Chris Walkertient parfois la batterie. Ce dernier fait partie de la tournée et possède une frappe lourde, puissante qui convient bien aux morceaux les plus funky du répertoire. Les deux hommes qui l’encadrent tiennent une place importante. Chris Walker assure fort à la basse électrique et ses harmoniques ont beaucoup de justesse. Originaire comme lui de Houston, le guitariste John Calderon a longtemps travaillé avec le pianiste Bobby Lyle. Il joue parfois en picking, égraine de jolies notes mélodiques qu’il mêle de temps à autre à des espagnolades. Tous deux assurent les chœurs derrière Jarreau lorsque les morceaux interprétés nécessitent leur présence, pas très souvent à vrai dire. Al John Calderonpossède une voix qui se suffit à elle-même. Il chante You Don’t See Me, reprend  We Got Bye, ses grands morceaux des années 70 dont le plus fameux reste Take Five qu’il introduit par une longue improvisation vocale. Imitation de nombreux instruments de percussion, le chant devient ainsi tambour, cuica et contrebasse par des effets de bouche. Al Jarreau dialogue ainsi rythmiquement avec son batteur avant de placer toute son âme dans ses cordes vocales pour une superbe version de She’s Leaving Home, le tube Mornin’ (qui n’est pas sa meilleure chanson) concluant la première partie du concert.

Al Jarreau bandLe show se poursuit après l’entracte. Al a reposé sa voix. Il s’est rendu dans la journée aux obsèques de Francis Dreyfus au Père Lachaise, et pour lui rendre hommage entonne un émouvant Summertime. Puis ce sont Better Than Anything et Aguas de Beber, une composition d’Antonio Carlos Jobim, subtilement Al Jarreau & Mark Simmonsrythmé par une voix en or. Al  invite le public et ses musiciens à la chanter avec lui. Beaucoup d’humour aussi dans ce spectacle fort bien réglé. Jarreau montre l’exemple et au cours de Take Five, fait semblant d’attraper et de gober une mouche, ce qui ne manque pas d’amuser une salle enthousiaste qui lui est entièrement acquise. Paris lui donne des ailes sous nos applaudissements.

Photos © Pierre de Chocqueuse

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