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13 juillet 2009 1 13 /07 /juillet /2009 09:19
VENDREDI 3 juillet
Fidèle au Duc des Lombards, René Urtreger retrouve le club parisien (après un concert remarqué en avril, et un autre, mémorable, en décembre 2008) pour fêter son anniversaire – il est né le 6 juillet 1934 – et enregistrer un nouvel album sous la direction artistique de la pétillante Jeanne de Mirbeck, sa sœur, qui produisit la plupart de ses disques. On ne change pas une équipe qui gagne et c’est avec la plupart des membres de son quintette habituel que le pianiste va jouer son meilleur piano. Convive inattendu, Mauro Gargano fait bien davantage qu’assurer à la contrebasse. Il en joue avec une vélocité phénoménale, sa virtuosité se faisant entendre dès le premier thème abordé, une version jubilatoire de Didi’s Bounce dans lequel il prend un chorus acrobatique. Avec une section rythmique qui fonctionne (Mauro s’entend fort bien avec l’irremplaçable Eric Dervieu, batteur au tempo aussi solide que subtil), les solistes peuvent donner le meilleur d’eux-mêmes. Abordé en trio, If I Were a Bell généra ainsi un chorus de piano éblouissant car, en forme – ce qui est souvent le cas – René joue aujourd’hui mieux que jamais. Nicolas Folmer se surpassa dans Un Poco Loco et prit un très joli chorus dans Thème pour un ami, morceau écrit pour Raymond Le Sénéchal la nuit même de sa mort, chef d’orchestre, arrangeur, compositeur et grand ami de René. Au saxophone et à la flûte dont il est l’un de nos meilleurs spécialistes, le fidèle Hervé Meschinet apporte des couleurs superbes à ce jazz moderne bien trempé dans le bop. Flûte et trompette exposent à l’unisson Valsajane, une ballade pleine de tendresse portée haut par René et Nicolas, un thème pour Jeanne, instigatrice d’une soirée choc que je remercie ici.

MARDI 7 juillet
Mike Stern au Duc : l’air se charge d’invisibles particules électriques, se gonfle d’énergie. Une guitare basse vrombissante et une batterie explosive accompagnent une guitare brûlante qui sait entretenir une tension permanente. Blues, rock, bop, le jeu de Stern mêle plusieurs genres musicaux dans des chorus de feu dont il garde toujours le contrôle. Pour suivre et se faire entendre, Bob Franceschini s’époumone au saxophone, tord le cou à ses notes, son jeu agressif pouvant être sensuel lors de rares accalmies. Le groupe reprend quelques vieux morceaux. Porté par des chorus fiévreux, Avenue B (un extrait de “These Times“), une ballade teintée de reggae, évolue crescendo. Guitare et saxophone font monter la pression, la musique acquérant une puissance exceptionnelle. Confiée à Tom Kennedy, la basse électrique souvent virtuose s’offre d’importantes séquences mélodiques. Quant au batteur Dave Weckl, sa frappe puissante et lourde ne l’empêche nullement d’être mobile et d’une efficacité redoutable. Ce ne sont pas les thèmes pour la plupart construits sur des riffs qui séduisent ici, mais leur traitement sonore et les improvisations expansibles qu’ils génèrent. Mike Stern ne se perd jamais dans ses longs chorus hantés par le blues. Il joue sans cesse avec le timbre de sa guitare, lui donne des couleurs variées et son langage harmonique nous tient constamment en haleine.

MERCREDI 8 juillet
Le Duc des Lombards accueille ce mois-ci des musiciens importants dans le cadre de son Jazz Legends Festival. Fred Hersch est l’un d’entre eux. Occupé par son activité d’enseignant et ses nombreux projets discographiques – il compose abondamment et enregistre plusieurs albums par an - , le pianiste ne vient pas souvent à Paris. Séropositif depuis 1986, il se bat contre une terrible maladie et met les bouchées doubles pour mener à bien ses activités musicales, sa grande sensibilité s’exprimant dans un piano à l’approche harmonique subtile et raffinée. Ses doigts légers cisèlent des improvisations intimistes construites avec un grand souci de la forme. Très mobile, la main droite joue de petites notes perlées qu’elle caresse avec douceur,
esquisse des improvisations impressionnistes dans lesquelles Claude Debussy, Maurice Ravel, Gabriel Fauré sont parfois convoqués. Avec lui, deux musiciens exceptionnels que l’on souhaiterait écouter plus souvent. A la contrebasse, John Hébert, un familier du pianiste Russ Lossing, improvise constamment de savantes lignes mélodiques et instaure une conversation permanente avec le soliste. Avec Nasheet Waits, la batterie colore et tisse une toile rythmique souple et légère qui profite à la musique. Fred Hersch peaufine à l’extrême les standards qu’il reprend. The Wind de Russ Freeman, Moon and Sand d’Alec Wilder, When Your Lover Has Gone de Einar Aaron Swan, Boo Boo’s Birthday de Thelonious Monk, héritent d’une nouvelle approche harmonique, de variations inattendues. Mais Fred Hersch est aussi un compositeur très prolixe qui aime dédier ses thèmes à ses amis musiciens. Dans Sad Poet, écrit pour Antonio Carlos Jobim, il emploie les notes les plus aigues du clavier et, avec la contrebasse, installe un ostinato qui profite à la batterie. Nasheet Waits est également très présent dans The Phantom of the Bopera, une ancienne composition de Hersch écrite pour Joe Henderson dont il fut le pianiste. Whirl, une  pièce exquise et lumineuse dédiée à Suzanne Farrell, la muse de George Balanchine et le rappel, un court morceau en solo, véritable moment de grâce, demandent une totale disponibilité d’écoute pour en goûter toute la poésie. Photos © Pierre de Chocqueuse  
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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 10:21
LUNDI 22 juin : une voix en or
Austin O’Brien m’invite au Caveau de la Huchette pour un concert de présentation de “Dualité“, son second disque. Je ne connais pas le premier album de ce chanteur irlandais installé en France dans les Hautes-Pyrénées depuis quatorze ans. Je n’ai jamais entendu chanter ce grand gaillard au visage sympathique, mais me laisse tenter par une invitation annonçant ses musiciens : Philippe Duchemin, Pierre Boussaguet et André Ceccarelli. « J’ai rencontré Austin alors que je jouais en duo dans un club parisien… J’ai vu arriver un personnage haut en couleur avec son chapeau et son look du nord… Il me demanda si j’acceptais de jouer un morceau avec lui et nous avons enchaîné quelques standards. J’ai tout de suite apprécié son placement naturel, ce phrasé qui fait que l’on est ou non chanteur » écrit Philippe Duchemin dans les notes de pochette de ce nouvel opus d’Austin, un disque en duo dont il est le pianiste et l’arrangeur. Austin O’Brien a une voix chaude et puissante. On pense à Mel Tormé et à Tony Bennett sur le plan du timbre, de la couleur. Trempés dans le swing les mots qu’ils façonnent bénéficient d’une articulation parfaite, son français restant toutefois teinté par un léger accent. “Dualité“ contient quelques standards, des mélodies écrites par Philippe sur lesquelles Austin a écrit des paroles, et des originaux de ce dernier. Le pianiste accompagne avec finesse le chanteur, rythme sa voix, la prolonge par des chorus bien sentis. Sur scène, avec Boussaguet à la contrebasse et Ceccarelli à la batterie, Duchemin peut approcher harmoniquement la musique, lui donner d’autres couleurs. Elles manquent à cet album de facture classique un peu trop monochrome, mais d’une sincérité attachante.

http://www.austin-obrien.com

VENDREDI 26 juin : Carmen revient au pays
Longue nouvelle de Prosper Mérimée écrite en 1845 et publiée deux ans plus tard, “Carmen“ fut créée à l’Opéra Comique de Paris en 1875. L’auteur de la musique, Georges Bizet, n’a plus que trois mois à vivre. Il décède la même année d’un abcès à la gorge à l’âge de trente-sept ans, persuadé de l’échec de son opéra. Mal accueillie par les critiques parisiens, l’œuvre va pourtant triompher à Vienne avant de conquérir Madrid en 1876, New York en 1878 (en version italienne), et d’être redonnée victorieuse à Paris en 1883. Le cinéma s’en empare très vite. Acteur de théâtre, Cecil B. DeMille réalise ses premiers films en 1914 et adapte “Carmen“ un an plus tard. La plus grande soprano de l’époque, Géraldine Farrar, en est la vedette. Projetée la première fois au Symphony Hall de Boston le 1er octobre 1915, la “Carmen“ de DeMille accompagnée d’un montage sonore de la musique de Bizet, est la première d’une longue série. Raoul Walsh en tourne une la même année (éclipsée par celle de DeMille, il la refait en 1927 sous le nom de “The Loves of Carmen“). Ernst Lubitsch, Jacques Feyder, Christian-Jaque, Otto Preminger (“Carmen Jones“ en 1954), Carlos Saura et Francesco Rossi s’y attèlent avec plus ou moins de réussite.
La “Carmen“ de Cecil B. DeMille, fait aujourd’hui l’objet d’une nouvelle création musicale. Directeur artistique du nouvel Orchestre National de Jazz, Daniel Yvinec l’a confiée aux dix jeunes musiciens qui en sont membres, chacun d’eux se chargeant d’une séquence du film découpé en dix tableaux. C’est à l’Opéra Comique, salle Favart, à l’endroit même où fut créée la “Carmen“ de Bizet, que l’orchestre présentait pour la première fois cette nouvelle partition. De rares interventions du guitariste chanteur flamenco Bernardo Sandoval la rattache peu à la culture hispanique. Bizet n’est pas non plus convoqué dans cette musique moderne et neuve qui parvient toujours à coller aux images qu’elle illustre. Présent tout au long de la projection (le film dure 59 minutes), colorant l’œuvre d’une grande variété de timbres, Benoît Delbecq contribue beaucoup à cette féerie musicale. Avec lui, Carmen la bohémienne séduit ses amants sur une trame sonore de musique concrète et improvisée, danse sur des sons surprenants. Le pianiste enrichit la partition de modulations inattendues, lui donne un aspect ouvert et mouvementé. Sauvage (la bagarre entre les deux femmes à la fabrique de cigarettes), abstraite, funky (l’intermède du camp des gitans), la musique trouve une unité grâce aux images qu’elle suit tout en lui offrant une bande-son volontairement décalée. On retient la belle trompette qui s’élève du repaire des gitans, le chorus de clarinette basse qui accompagne la partie de cartes. Magnifiquement arrangé, On the Road to Seville nous conduit aux arènes de la ville et à ses scènes de corrida révélant le génie de DeMille, son goût pour le gigantisme. Teintée de rock’n’roll, la musique monte en puissance jusqu’au crescendo final, la scène du meurtre de Carmen par Don José confiée aux couleurs des vents. Une belle création malgré un niveau sonore souvent déraisonnable. Dommage aussi que les cerbères de l’Opéra Comique, si prévenants à l’entrée, nous mirent dehors si vite le concert terminé. Phil Costing qui aurait bien voulu rester en fut tout ébaubi.

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4 juillet 2009 6 04 /07 /juillet /2009 10:19

John Surman ne fait jamais le même disque. Bien au contraire, il surprend par l’éclectisme et la variété de ses projets, passant d’une musique à une autre, d’une instrumentation à une autre. Véritable homme-orchestre, le saxophoniste peut tout aussi bien être le seul maître d’oeuvre de ses albums (quatre opus en solo pour ECM entre 1979 et 1994) que se faire accompagner par des cordes, des ensembles de cuivres, un orgue ou une chorale. Avec “Brewster’s Rooster“, il revient au jazz et retrouve Jack DeJohnette, un complice avec lequel il a souvent enregistré. John Abercrombie, le guitariste de la séance, fit partie du Jack DeJohnette New Directions, groupe constitué par le batteur à la fin des années soixante-dix. Tous deux furent membres du trio Gateway que complétait Dave Holland à la contrebasse. L’instrument est ici confié à Drew Gress qui participe à sa première session pour ECM. Très mobile, son jeu s’accorde à merveille avec le drumming subtil et inventif d’un DeJohnette en grande forme. Slanted Sky, une ballade qui ouvre le disque permet de mesurer la souplesse de la section rythmique. Les deux hommes assurent, commentent les moindres accords des solistes, stimulent leurs ardeurs dans le brûlant Kickback, pièce dans laquelle le saxophoniste se montre particulièrement fougueux au baryton. Au soprano, il adopte un jeu plus mélodique. Counter Measures, un joli thème, en profite. Derrière lui, John Abercrombie assure un jeu rythmique, glisse de petites phrases chantantes dans le canevas musical que tisse le saxophone, ses interventions judicieuses laissant toujours de l’espace, de l’air à la musique. A l’écoute les uns des autres, les musiciens pratiquent un jeu interactif souvent passionnant. On en oublie les thèmes, souvent de simples riffs assemblés à la hâte. L’étonnant Haywain, une pièce free, semble même avoir été complètement inventée en studio. Reste à espérer des concerts, une suite à cet album, le premier d’un quartette de vétérans pour le moins prometteur.

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1 juillet 2009 3 01 /07 /juillet /2009 10:26
A Paris en juillet, les festivals de jazz poussent comme les champignons après la pluie. Il y a pléthore de musiques, digestes et indigestes. Choisissez les meilleurs concerts au sein de programmations souvent surabondantes. Ecoutez sans modération, mais avec discernement. Si le Paris Jazz Festival occupe les pelouses du Parc Floral depuis le 6 juin, les clubs font aussi leur festival. Jazz Legends Festival au Duc des Lombards jusqu’au 25 juillet, American Jazz Festival au Sunside, les bons concerts ne manquent pas dans la capitale. Du 20 au 25 juillet, les jazzmen occupent les Arènes de Montmartre. Profitez-en, sortez ! L’été, les maisons de disques sommeillent jusqu’en septembre. La musique se déguste live, se partage en groupe et entre amis. Elle reste le remède le plus efficace pour combattre les crises et la morosité. En été, le jazz n’est pas seul à se faire plus bleu. Le ciel l’est aussi pour porter les grands oiseaux qui voyagent. Dans l’un d’entre eux, Kneebody vient à nous. Le groupe sera à Vienne le 9 et au Sunside le 10 juillet. Pour des soirées très bleues.  

-Steely Dan, le groupe mythique de Donald Fagen et Walter Becker à l’Olympia le 2 juillet. En comptant ces derniers, dix musiciens et trois choristes occuperont la scène. Marvin Stamm (trompette), Jim Pugh
(trombone), Jim Beard (claviers), ne sont pas inconnus des amateurs de jazz. Un concert événement à ne pas manquer.

-Le 3, le trio du pianiste Jobic Le Masson rejoint par la saxophoniste Amy Gamlen se produit au 9 Jazz-Club, nouvelle place forte jazzistique située 9 rue Moret dans le 11ème. - Avec quelques jours d’avance (il est né le 6 juillet 1934 et non le 16 comme l’indiquent par erreur les dictionnaires du jazz), René Urtreger
fête ses 75 ans au Duc des Lombards les 3 et 4. Le 3 avec Nicolas Folmer, Hervé Meschinet, Mauro Gargano et Eric Dervieu ; le 4 en trio avec Yves Torchinsky et Eric Dervieu auquel s’ajouteront des invités surprises. Lesquels ? Il faudra y être pour le savoir. Le roi René mérite bien qu’on le visite au Duc.

-Si le temps reste au beau fixe, passez l’après-midi du 4 au Parc Floral de Paris en compagnie du Jus De Bocse de Médéric Collignon et patientez jusqu’à 16 heures 30 pour écouter le Vienna Art Orchestra de Mathias Rüegg, l’un des meilleurs big band de jazz européen. - Le 4 encore, John Scofield nous donne rendez-vous salle Pleyel avec son Piety Street Band, groupe mêlant gospel, soul et blues de la Nouvelle-Orléans. Le guitariste y a recruté une équipe d’excellents musiciens parmi lesquels le batteur Ricky Fataar
qui joue sur “Holland“ (1973), le dernier bon disque des Beach Boys, et George Porter, bassiste emblématique des légendaires Meters. - Toujours le 4, mais aussi le 5, Baptiste Trotignon et son “American Quintet“ (Mark Turner au ténor, Jeremy Pelt à la trompette, Matt Penman à la contrebasse et Eric Harland à la batterie) investissent le Sunside avec une musique des plus excitantes.

-Mike Stern
au Duc les 6 et 7 juillet. On a un peu perdu de vue ce grand guitariste qui accompagna Miles Davis lors de son come-back de 1981. Stern possède un son, un phrasé et une attaque de la note qui lui est personnelle. Bob Franceschini au saxophone, Tom Kennedy à la basse électrique et Dave Weckl, naguère le batteur de l’Elektric Band de Chick Corea, partageront avec lui la scène du club. Vous avez dit fusion ?

-Pianiste aux harmonies raffinées, Fred Hersch sera au Duc le 8. Avec John Hebert à la contrebasse et Nasheet Waits à la batterie pour jouer son meilleur piano.


-Aaron Parks lui succède et occupe le lieu le 9 et le 10. Auteur d’un premier album prometteur sur Blue Note, l’ex-pianiste de Terence Blanchard vient nous convaincre en trio de la pertinence de sa musique. Matt Brewer que les admirateurs du trio de Yaron Herman connaissent bien assure la contrebasse. On ne peut que s’en réjouir.
-Le 10, Wynton Marsalis promène à Pleyel son Lincoln Center Orchestra, big band d’une quinzaine de musiciens au sein duquel on relève les noms des trompettistes Marcus Printup et Ryan Kisor et du saxophoniste et multi instrumentiste Ted Nash. - Le même soir, Kneebody se produit au Sunside. Originaire de Los Angeles, les musiciens du groupe - Shane Endsley (trompette), Ben Wendel (saxophone ténor), Adam Benjamin (Fender Rhodes), Kaveh Rastegar (contrebasse et basse électrique) et Nate Wood (batterie) - proposent une musique énergique, un patchwork coloré de nombreuses influences. Rock, jazz, musique contemporaine et classique (“Twelve Songs by Charles Ives“ avec
Theo Bleckmann), Kneebody étonne par la singularité et la variété de ses projets.

-Egalement le 11, l’infatigable Roy Haynes investit le Duc avec un quartette comprenant David Kikoski au piano. - Le 11 encore, le Pentacle Quintet de la pianiste Sophia Domancich donne un concert à l’Archipel. Jean-Luc Cappozo (trompette), Michel Marre (euphonium), Claude Tchamitchian (contrebasse) et Simon Goubert (batterie) accompagnent une musicienne exigeante et sincère qui se produit peu fréquemment.

-Lee Konitz au Duc le 13 juillet Avec lui, le pianiste Giovanni Ceccarelli entendu avec Benny Golson et Enrico Rava et une section rythmique comprenant Nicolas Rageau (contrebasse) et Patrick Goraguer (batterie). - Auteur d’excellents disques et pianiste émérite, Kenny Werner sera au Sunside les 13 et 14 juillet avec Darryl Hall (contrebasse) et Remi Vignolo (batterie) pour mieux nous envoûter ces soirs de fête.

-Chris Potter au New Morning le 15 juillet. Originaire de Chicago, le saxophoniste s’impose comme l’un des plus brillants de sa génération. Craig Taborn au Fender Rhodes, Adam Rogers à la guitare et Nate Smith
à la batterie l’accompagnent en tournée. - Michel Sardaby : l’écouter est toujours un plaisir. Le rencontrer aussi. Son grand sourire éclaire une soirée. Le Duc l’accueille les 15 et 16 juillet avec Wayne Dockery à la contrebasse et John Betsch à la batterie.

-Nicolas Folmer joue souvent au Duc. Tant mieux. Co-fondateur du Paris Jazz Big Band, trompettiste solaire, il invite deux soirs (17 et 18 juillet) le saxophoniste Bob Mintzer (Jaco Pastorius Band, Yellow Jackets) à jouer sa musique qui sera enregistrée pour un futur album. Au piano Antonio Faraò, à la contrebasse Jérôme Regard, à la batterie Benjamin Henocq pour des concerts à ne pas manquer.
-Le  pianiste Monty Alexander et son trio vous attendent au New Morning le 20. - Le même soir, le contrebassiste Arild Andersen se produit aux arènes de Montmartre (croisement de la rue de Chappe et de la rue Saint-Eleuthères, Paris 18ème) avec le saxophoniste ténor Tommy Smith (l'un des grands de l’instrument) et le batteur Paolo Vinaccia.  “Live at Belleville“ de ce même trio est l’un des meilleurs disques de l’an passé.

-Les occasions d’écouter le pianiste Harold Mabern dans un club parisien sont plutôt rares. Influencé par Phineas Newborn et Horace Silver, Mabern joua avec Wes Montgomey, J.J. Johnson, Lee Morgan, fit partie du Jazztet d’Art Farmer et Benny Golson et reste une des légendes du jazz. Il vient jouer au Duc les 21 et 22 juillet avec Eric Alexander, saxophoniste puissant et lyrique. Le très parisien Darryl Hall à la contrebasse et Joe Farnsworth à la batterie assureront la rythmique.

-C’est au tour de Bob Mintzer d’inviter Nicolas Folmer à rejoindre son quartet - Phil Markowitz au piano, Jay Anderson à la contrebasse et John Riley à la batterie. Cela se passe au Duc, le 23, très sûrement une chaude soirée.


-Trop souvent dans l’ombre, Steve Grossman n’en reste pas moins un formidable saxophoniste. Il sera au Sunside trois soirs de suite (24, 25 et 26) avec Valerio Pontrandolfo, un autre ténor, pour le titiller et faire monter la pression, et Alain Jean-Marie au piano pour arbitrer des échanges sans nul doute passionnants. - Sonny Fortune au Duc les 24 et 25. Parker mais surtout Coltrane se retrouvent dans sa musique tempétueuse. Il maîtrise de nombreux instruments (ténor, alto, soprano flûte) et en compagnie de Kirk Lightsey au piano, Wayne Dockery à la contrebasse et Steve Johns à la batterie, soufflera des volutes de notes intenses et lumineuses. - Le 24, les Arènes de Montmartre accueillent Henri Texier et son Strada Sextet. La fête ! 

-Si le 25 est une belle journée, faites un tour au Parc Floral écouter l’excellent trio du contrebassiste Jean-Philippe Viret. - Richard Galliano lui succède à 16 heures 30. Son quartette réunit Gonzalo Rubalcaba au piano, Richard Bona à la basse et Clarence Penn à la batterie. De l’excellente musique en perspective. - Toujours le 25, le quintette de Roy Hargrove investit le New Morning. Chaude soirée en perspective !

-En trio, le saxophoniste Jérôme Sabbagh colle de nouvelles harmonies sur de vieux standards, invente et dépoussière. Démonstration le 29 juillet au Duc avec Donald Kontomanou  à la batterie et un contrebassiste mystère. 

-Venez  découvrir sur scène le quartette américain du trompettiste Eric Le Lann (avec David Kikoski au piano et Billy Hart à la batterie) les 30 et 31 juillet au Sunside. En attendant la sortie le 10 septembre sur Plus Loin Music de son nouvel album new-yorkais.


Olympia : http://www.olympiahall.com/
9 Jazz-Club : http://www.myspace.com/le9jazzclub
Duc des Lombards : http://www.ducdeslombards.com/
Paris Jazz Festival : http://www.parisjazzfestival2009.net
Salle Pleyel : http://www.sallepleyel.fr/
Sunset – Sunside : http://www.sunset-sunside.com/
L’Archipel : http://www.larchipel.net/
New Morning : http://www.newmorning.com/
Festival Les Arènes du Jazz :
http://www.paris-ateliers.org/

Crédits photographiques : Kneebody (pochette de disque) © Chris Eichenseet/Greenleaf music - René Urtreger, Nicolas Folmer & Red Light © Pierre de Chocqueuse - Aaron Parks © Blue Note Records - Lincoln Center Orchestra © Clay Patrick McBride - Kneebody © Nick Perzik/Winter & Winter Records - Kenny Werner © Till Krautkrämer/Blue Note Records - Paolo Vinaccia, Arild Andersen, Tommy Smith © Vidar Ruud/ECM Records.

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27 juin 2009 6 27 /06 /juin /2009 09:53
MARDI 16 juin : cultivons Collignon
Médéric Collignon et son « Jus De Bocse » fêtent au Duc des Lombards le cinquantième anniversaire de “Kind of Blue“, le disque le plus célèbre de Miles Davis, l’un des enregistrements phares de l’histoire du jazz. Médéric s’est attaqué en 2006 à un autre monument davisien, “Porgy and Bess“, et semble bien connaître le répertoire du trompettiste. Rejouer ces œuvres autrement, leur apporter de nouvelles couleurs, de nouveaux arrangements tout en préservant les thèmes et certaines intonations mélodiques de Miles, c’est sur quoi travaille Collignon, musicien surdoué, joyeux et talentueux. Le phénomène, car c’en est un, rit, grimace, apostrophe et séduit son public par un humour spontané et naturel. Au début du concert, la toute petite pièce de bois qui permet de maintenir tendues les cordes de la contrebasse cassa. Frédéric Chiffoleau forcé d’attendre une « grand-mère » de remplacement, Médéric assura les basses avec son nez tout en jouant de jolies parties de cornet. Sans contrebasse, le concert connut quelques flottements vites compensés par l’incroyable facilité de Médéric à faire rire son public. Pour cette relecture de “Kind of Blue“, le cornettiste a confié les parties de saxophone à Pierrick Pedron, l’un de nos meilleurs altistes. Loin de jouer comme Cannonball Adderley, ce dernier marque les morceaux du sceau de sa personnalité. Ce “Kind of Blue“ ne ressemble décidemment pas à l’original. Electrisé par les nappes sonores du Fender Rhodes de Frank Woeste et trempé dans le funk, l’album mythique de la saga davisienne, sonne comme la musique que le trompettiste inventera dix ans plus tard. All Blues subit ainsi une presque complète métamorphose. Reste son balancement initial, un déhanchement rythmique hypnotique qui le fait continuellement avancer. Frédéric Chiffoleau a finalement obtenu une contrebasse et Médéric put ainsi se consacrer pleinement à son scat, à son cornet qu’il joue parfois sans embouchure pour en tirer des sons plus graves. En rappel, le groupe nous offrit un surprenant Konda, page électrique que Miles grava en 1970, quatre mois après Lonely Fire et Guinnevere, deux fleurons de sa discographie.

DIMANCHE 21 juin : Boris, Elise en est Vian
Une Fête de la Musique en compagnie de Boris Vian au Sunside avec Elise Caron pour le chanter, Alex Tassel (bugle), Géraldine Laurent (saxophone alto), Franck Avitabile (piano), Henri Texier (contrebasse) et Aldo Romano (batterie) pour en accompagner les musiques. Vian écrivit plus d’une centaine de chansons. Aidé par les pianistes Jimmy Walter et Alain Goraguer, il en enregistra quelques-unes en 1955. Pour les concerts du Sunside, Franck Avitabile leur a concocté de nouveaux arrangements. On n’est pas là pour se faire engueuler, Je bois, Je suis snob, prennent ainsi les couleurs du jazz. Géraldine improvise des « obligattos » derrière la chanteuse. Le déserteur hérite ainsi d’un chorus de bugle et d’un beau et inventif solo mélodique de contrebasse. Elise adopte une voix gouailleuse pour interpréter La java des bombes atomiques et trouve les intonations adéquates pour rendre crédible Fais-moi mal Johnny, rock sado-maso immortalisé en 1956 par Magali Noël. The Man I Love et Love For Sale restent toutefois plus difficiles à chanter pour Elise. Découvrir une certaine fragilité dans une voix si pure nous rend la chanteuse infiniment sympathique. Jolie, Elise Caron envoûte par son puissant charisme. La comédienne illumine “Un soir au club“ film de Jean Achache tiré du roman éponyme de Christian Gailly qui doit sortir à la rentrée. Elle est Debbie, la propriétaire du Dauphin vert et porte le film sur ses épaules. Au Sunside, Elise chante les chansons possibles et impossibles de Boris. Avec la complicité d’Aldo et des musiciens talentueux qui l’accompagnent, elle réussit un tour de chant que le docteur Gédéon Molle (ancien interné des hôpitaux psychiatriques, médecin des assurances, peintre du jeudi et médaillé militaire) aurait sûrement apprécié.
Photos © Pierre de Chocqueuse 
 

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 10:33

All of You, un beau thème de Cole Porter ouvre l’album. On en connaît des dizaines de versions, et pourtant Greg Reitan parvient à imposer la sienne, fait entendre une petite musique qui charme nos oreilles. Très vive, la main droite du pianiste brode de jolies notes perlées ; les harmonies sont belles et raffinées. Reitan égraine beaucoup de notes, mais construit ses phrases avec lyrisme et les fait respirer. Agé de 35 ans, diplômé de la Thornton School of Music, cet élève du compositeur David Raskin écrit depuis quelques années des musiques pour la télévision et le cinéma. Reitan a également été finaliste de plusieurs concours de piano parmi lesquels la Great American Jazz Piano Competition en 1995. Enregistré en trio, son premier disque en tant que jazzman nous donne non seulement l’occasion de découvrir le pianiste, mais aussi cinq de ses compositions. D’une grande fraîcheur, les harmonies singulières de The Wayfarer ou Joy’s Song ne dévoilent pas leurs richesses avant plusieurs écoutes. Plus classique, le thème d’Unquity Road se prête à une longue improvisation aux notes élégantes jouées dans la partie haute du clavier – procédé dont Reitan a souvent recours. L’acrobatique Bordeaux témoigne de sa maîtrise du bop. Le pianiste joue aussi des standards et nous en livre des versions très personnelles et excitantes. Star Song de Vince Guaraldi s’éclaire de notes bleues, d’harmonies fines. Dear Prudence de John Lennon et Paul McCartney hérite d’un balancement confortable et se teinte d’un léger voile funky. Dans Some Other Time, Reitan met son toucher délicat au service d’une mélodie sublime. Saluons la belle musicalité du trio qui seconde le pianiste. Jack Daro à la contrebasse et Dean Koba à la batterie, n’en font jamais trop, mais accompagnent avec subtilité le discours chantant du pianiste. Parions que ce dernier, encore inconnu de ce côté de l’Atlantique, ne le restera pas longtemps.  

 
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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 15:56
MERCREDI 10 juin
Enrico Pieranunzi en trio au Duc des Lombards. Le seuil franchi, je tombe sur le pianiste qui discute avec André Ceccarelli en italien. « Mon grand-père, premier de la famille à avoir émigré en France, mettait un point d’honneur à ne parler que français. J’aime l’Italie. J’y ai vécu quelques années » me confie-t-il. Avec moi, Enrico s’exprime en français. J’ai droit à ses remerciements pour ma belle chronique de “Dream Dance“ dans jazzman, « un choc de blogueur de choc » précise-t-il non sans humour. J’en profite pour lui demander la raison pour laquelle cet enregistrement de 2004 n’a été publié que cette année. « Nous avions fait deux séances la même semaine. Celle réalisée en quartette avec Kenny Wheeler donna lieu à l’album “As Never Before“. Les responsables de Cam Jazz l’ont préférée à la session en trio d’où le retard de parution de “Dream Dance“. » Nous discutons. Enrico me confie ses projets. Il sera à nouveau à Paris au Sunside les 3 et 4 août pour des concerts en trio et a enregistré un disque en solo qui doit sortir en septembre. Un album en quintette doit suivre, un projet latin. « J’aime le blues et la musique afro-cubaine. Krzysztof Kieslowski a tourné “La double vie de Véronique“ et, comme cette Véronique, Enrico Pieranunzi a une double vie (rires). Je joue donc du Scarlatti, mais aussi du blues, du bop, du jazz modal. » Contrairement à ce que l’on peut penser, ce n’est pas Bill Evans – sur lequel Enrico a publié une étude – qui lui a donné le goût de la modalité, mais McCoy Tyner. « Préparant des articles sur lui et sa musique, je l’ai rencontré plusieurs fois. Il m’a dit un jour que Keith Jarrett n’était pas un pianiste de jazz. » Enrico partage-t-il cette opinion ? Il n’a pas le temps de me répondre. André Ceccarelli et Darryl Hall l’attendent sur scène. Dès le premier morceau, une vraie complicité s’instaure entre lui et ses musiciens. Contrebasse et batterie rythment et commentent mélodiquement des  phrases que pimente l’imprévu. All the Things You Are est l’occasion pour le pianiste de montrer sa passion pour les rythmes afro-cubains. Enrico rajeunit ce vieux standard, lui donne un aspect chaloupé et excitant, les trempe dans un bain de soleil. Ses mains font danser des myriades de notes, caressent les plus tendres dans des ballades où il excelle en romantique. I Hear a Rhapsody : Enrico rapsodise, devient concertiste classique avant de confier le thème au trio. Le tempo plutôt rapide ne gêne nullement la contrebasse chantante et vive qui réagit à l’humeur du piano.
Photos © Pierre de Chocqueuse
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17 juin 2009 3 17 /06 /juin /2009 10:14
Les jazzmen sont aujourd’hui nombreux à puiser leur inspiration dans le rock et la pop music des années 60 et 70. Un certain nombre d’enregistrements publiés depuis quelques mois sentent bons les prés et les fleurs des champs.

Celles de la campagne anglaise parfument “Around Robert Wyatt“ (Bee Jazz/Abeille Musique), premier opus de l’Orchestre National de Jazz sous la direction artistique de Daniel Yvinec. Amateur du légendaire Soft Machine, Daniel a organisé un des trois programmes de l’orchestre autour des compositions de son ex-batteur. Vincent Artaud a habillé ses mélodies inoubliables d’arrangements somptueux. Les voix de Yael Naïm, Arno, Camille, Rokia Traoré, Irène Jacob, Daniel Darc et de Robert lui-même les portent au septième ciel.


Si la place accordée à l’improvisation est assez restreinte (reproche que ne manquent pas de faire les détracteurs de l’orchestre), que dire du nouveau disque de Brian Blade, “Mama Rosa“ (Verve/Universal), étonnant recueil de chansons que l’on croirait surgir de la Californie des années 70. Le batteur de Wayne Shorter utilise des musiciens de son Fellowship Band (Jon Cowherd, Kurt Rosenwinkel, Chris Thomas), chante, joue du piano, de la guitare, de la basse et bien sûr de la batterie. La guitare électrique de Daniel Lanois sonne comme celle de Neil Young et l’on n’écoute pas ce disque inattendu et superbe sans penser au célèbre “If I Could Only Remember My Name…“ de David Crosby et à “No Other“ opus inoubliable de Gene Clark, deux fleurons de la pop californienne.

Le pianiste Alexandre Saada n’hésite pas à donner dans la pop anglaise de la fin des années 60. Dessinée par son frère Emmanuel, la pochette de “Panic Circus“ (Promise Land/Codaex), son nouvel album, évoque les années colorées du Flower Power. La musique aussi. Les musiciens n’oublient pas le jazz, mais privilégient les mélodies qu’ils habillent de sonorités cristallines et trempent dans un grand bain d’eau fraîche. Alexandre improvise au Fender Rhodes ; outre du ténor, Sophie Alour joue de la clarinette et de la flûte, instrument qui donne un aspect champêtre à la musique et fait penser aux premiers albums de Traffic avec le regretté Chris Wood. Jean-Daniel Botta, le bassiste, prête sa voix à deux chansons. Sorties il y a quarante ans, elles auraient probablement fait un tabac sur Radio Caroline.

A Thin Sea of Flesh“ (Le Chant du Monde/Harmonia Mundi), le nouveau disque d’Elise Caron est également très british. Issu du conservatoire de Marseille, l’auteur des musiques, Lucas Gillet, leur a donné un aspect très anglais, enveloppant la voix pure et sensuelle d’Elise dans des volutes sonores raffinées. Magnifique comédienne, cette dernière chante des poèmes de Dylan Thomas, leur confère une dimension saisissante. Ecoutez Paper and Sticks, And Death Shall Have No Dominion, I Have Longed to Move Away, pièces possédant chacune une instrumentation propre, morceaux lyriques d’une fraîcheur évidente. Avec Aldo Romano, Henri Texier, Alex Tassel, Franck Avitabile et Géraldine Laurent (le 21), Elise sera au Sunside samedi et dimanche prochains (20 et 21 juin) dans un programme consacré à Boris Vian.

Pierrick Pedron phrase bop sur des accords de rock dans “Omry“ (« ma vie »), un album qui se veut un hommage au Pink Floyd et à la chanteuse égyptienne Oum Kalsoum. Pierrick détourne des mélodies, en invente d’autres et subjugue au saxophone alto. Malgré une guitare et des claviers électriques, l’album reste toutefois davantage ancré dans le jazz que dans le rock. Je n’en aime pas trop la musique, mais on ne peut l’ignorer.


Plainville“ (Fresh Sound New Talent/Socadisc), le second disque du saxophoniste Jeremy Udden, est une énorme surprise. De facture classique, son opus précédent ne nous a pas préparé à ce jazz blues teinté de folk et de country music. L’instrumentation du groupe fait penser au Band, groupe légendaire qui naguère accompagna Bob Dylan. L’album ouvre sur une mélodie divine introduite par un orgue à pompe et un banjo. On est d’emblée en Amérique, à Plainville, bourgade rurale de la Nouvelle Angleterre entre Boston et Providence. Jeremy Udden y passa sa jeunesse. Son album accorde une large place aux guitares électriques et acoustiques. Curbs et Big Lick sonnent très rock. Brandon Seabrook joue aussi du banjo et de la pedal steel guitar. On pense à certains disques de Bill Frisell. Comme lui, Jeremy Udden réinvente et transpose de manière onirique les musiques qui bercèrent son adolescence et nous livre un superbe livre d’images sonores sur la grande Amérique.

Le jazz de l’été se pare donc des couleurs de la pop. Samedi prochain à 16 heures 30, la pianiste italienne Rita Marcotulli donnera un concert hommage au Pink Floyd au Parc Floral de Vincennes. Le 2 juillet, Donald Fagen et Walter Becker seront à l’Olympia avec Steely Dan. Leur tournée européenne s’intitule Left Bank Holiday. Outre Fagen (chant et claviers) et Becker (guitare), elle réunit Marvin Stamm (trompette), Jim Pugh (trombone), Walt Weiskopf et Roger Rosenberg (saxophones), Jon Herington (guitare), Jim Beard (claviers), Freddie Washington (basse), Keith Carlock (batterie) et les choristes Tawatha Agee, Janice Pendarvis et Catherine Russell. Un concert événement à ne pas manquer.
 
Photo Elise Caron © Gala Colette

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13 juin 2009 6 13 /06 /juin /2009 10:57
MARDI 26 mai : Onishi qui mal y pense…
Nicolas Folmer invite Junko Onishi à partager sa musique au Duc des Lombards. La pianiste japonaise s’est fait connaître en jouant à New York avec Joe Henderson, Betty Carter, Kenny Garrett et au sein du Mingus Dinasty. “Wow“ son premier disque date de 1993. Elle a enregistré huit autres albums sous son nom dont deux au Village Vanguard de New York en 1994 avec la section rythmique de Wynton Marsalis (Reginald Veal et Herlin Riley). Elle est également la pianiste de Jackie McLean dans “Hat Trick“, un disque de 1996 et de Joe Lovano dans “Tenor Time“ un enregistrement de septembre 1996 (un grand merci à Gilles Coquempot et à Francis Capeau pour ces précisions). Junko Onishi s’est produite en France et en Europe en 1995 (avec Jean-Jacques Avenel et Tony Rabeson). Depuis “Fragile“ (1999) un opus très commercial, une déception pour son public, la pianiste fait peu parler d’elle. La retrouver sur la scène du Duc avec Nicolas Folmer à la trompette, Denis Leloup au trombone et à la trompette basse, instrument que l’on entend rarement, Mauro Gargano, impressionnant de musicalité à la contrebasse, et Remi Vignolo à la batterie est donc un évènement. Possédant un vocabulaire harmonique très étendu, Junko multiplie les prouesses techniques, ses mains agiles et virevoltantes faisant danser de nombreuses notes. Très à l’aise dans le bop, elle accompagne en plaquant des accords inattendus. Dans les ballades, elle ornemente, joue de beaux arpèges, des notes perlées et délicates (In a Sentimental Mood) sa grande technique servant une imagination quasi intarissable. Lorsque Nicolas Folmer et Denis Leloup la convient à improviser sur des thèmes de Charlie Parker (Moose the Mooche, Anthropology) aux tempos très rapides, Junko Onishi s’amuse, répond sans peine aux chorus expressifs du trombone, aux phrases fiévreuses et bien sculptées de la trompette, ses doigts très souples tricotant d’étonnants voicings parfaitement équilibrés et rythmés.

SAMEDI 30 mai 
Avec le temps, la voix de John Greaves se fait plus rauque sans rien perdre de sa justesse. Seul au piano, il chante quelques-unes de ses compositions, des poèmes de Verlaine qu’il a récemment mis en musique. Le temps d’un morceau, le trompettiste David Lewis laisse sa place à Sylvain Kassap dont la clarinette apporte des couleurs différentes. Jef Morin monte sur scène avec sa guitare électrique. Karen Mantler, la fille de Michael Mantler et de Carla Bley est aussi de la fête. John la connaît depuis les séances de "Kew. Rhone" (1976), album mythique dans lequel Carla joue du saxophone ténor. Même coiffure et couleur de cheveux que cette dernière, une voix un peu fragile (le trac), mais beaucoup de charisme. Colloque sentimental : Matthieu Rabaté a pris place derrière la batterie, John joue de la basse électrique, Karen de l’harmonica, de l’orgue et du piano électrique. Elle chante des mélodies délicieuses, des chansons pour ses chats (My Cat Arnold) et ses poissons dorés (Goldfish). Ses morceaux possèdent l’énergie du rock et les couleurs du jazz, trompette et guitare assurant des chorus fiévreux sur des tempos binaires pouvant être musclés.

DIMANCHE 31 mai
Vu “Gamperaliya“ (Changement au village), magnifique film sri lankais de Lester James Peries, cinéaste né en 1919 dont l’œuvre conséquente nous est presque entièrement inconnue. Auteur du premier long-métrage en langue cinghalaise tourné à Ceylan “Rekava“ (la ligne du destin), son premier film présenté à Cannes en 1957), Peries réalise un émouvant portrait de femme partagé entre deux amours. Courtisée par un garçon instruit mais pauvre qui n’est pas de son milieu, Nanda doit accepter le choix de ses parents qui lui préfèrent un jeune et riche oisif de bonne famille. Ruiné par le jeu et les mauvaises affaires, ce dernier l’abandonne, disparaît pendant de longues années. Son décès ayant été annoncé, la jeune femme épouse son premier amour qui a fait fortune à Colombo. Mais son mari est-il bien mort ? Tourné en noir et blanc en 1963, joliment filmé par le chef opérateur William Blake, “Gamperaliya“ capte avec finesse l’évolution des sentiments des personnages, le passage du temps dans une société rurale en pleine transformation. La caméra cadre avec justesse la nature, la magnifique propriété d’une famille aisée, son déclin après le décès du père. Restauré en 2008 (sauf le générique début, sans doute pour nous montrer la différence), “Gamperaliya“ troisième film de Lester James Peries, l’un des préférés de Satyajit Ray, n’avait jamais été distribué en France. Projeté depuis le 6 mai au Reflet Medicis (3/7 rue Champollion, 75005 Paris), il est actuellement visible le dimanche et le mardi à 11h25 jusqu’au 16 juin. Ensuite, consultez le programme.

SAMEDI 6 juin
Un super groupe : Dave Liebman et Jean-Charles Richard au saxophone soprano, Daniel Humair à la batterie et Stéphane Kerecki à la contrebasse. On attendait Jean-Paul Celea. Stéphane le remplaça au pied levé, apportant un jeu mélodique, des lignes très simples pour ponctuer le discours créatif et sauvage des solistes. Car Liebman et Richard soufflent des notes de feu lors de conversations brûlantes qu’attise un Humair volcanique. Bien que libre et improvisé, ce jazz moderne repose sur des thèmes. Hand Jive (Tony Williams), Lonely Woman (Ornette Coleman), India (John Coltrane) font ainsi l’objet de relectures aventureuses, d’un traitement harmonique pour le moins novateur. Liebman affectionne un style véhément, mais peut tout aussi bien calmer le jeu, revenir à la mélodie et la jouer avec lyrisme. Richard fait de même. Il sait éteindre ses notes incendiaires, les tremper dans un baume apaisant. Il en résulte une musique imprévisible, pleine de tensions et de brusques détentes, de changement de tempos inattendus, vagues sonores de tailles diverses dont les ondes se propagent encore dans nos têtes. Photos © Pierre de Chocqueuse
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9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 11:49

Cinquième opus que Paul Motian consacre aux mélodies de Tin Pan Alley, “On Broadway Vol. 5“ est un disque presque aussi bon que “On Broadway Vol. 3“ enregistré en 1991 avec Lee Konitz et Joe Lovano, la guitare de Bill Frisell palliant l’absence de piano. Grand mélodiste, auteur de thèmes souvent repris, le batteur attache beaucoup d’importance aux souffleurs qui l’entourent. Après Chris Potter qui remonte le niveau de “On Broadway Vol. 4“ gâché par une chanteuse peu convaincante, il choisit deux saxophonistes complémentaires, Michaël Attias et Loren Stillman. De ce dernier, musicien dont l'alto chante comme un ténor, je recommande les albums, “How Sweet it is“ et “It could Be Anything“, tous deux remarquables. Proches du free mais tonales et structurées, ses phrases flottantes (influence probable de Wayne Shorter) conservent un fort aspect mélodique. Exposé par les deux saxophones, le piano de Masabumi Kikuchi assurant un délicat contrepoint mélodique, Morrock, un thème de Motian d’une simplicité lumineuse, ouvre l’album. Le pianiste assure un premier chorus abstrait, place des silences entre ses notes et fait d’emblée respirer la musique. Le batteur en ralentit le flux, l’aère et lui donne de l’espace. Les morceaux choisis sont d’ailleurs presque tous des ballades. Même Just A Gigolo rendu méconnaissable par un tempo très lent. Inspiré par Paul Bley, possédant un toucher très délicat, Kikuchi mêle un langage mélodique d’une rare élégance à d’imprévisibles dissonances. Le chorus qu’il prend dans A Lovely Way to Spend An Evening, une chanson populaire de 1943 dans laquelle Michaël Attias joue du baryton, témoigne d’une réelle vision poétique. De même la longue introduction très personnelle qu’il apporte à Midnight Sun, composé par Lionel Hampton et Sonny Burke en 1947. Michaël Attias qui joue aussi du soprano est également au baryton dans Something I Dreamed Last Night (chanson naguère interprétée par Marlène Dietrich et reprise par Miles Davis) et dans I See Your Face Before Me (un succès de Frank Sinatra). Comme dans une conversation, Loren Stillman lui répond à l’alto, les deux instruments finissant par mêler leurs voix mélodiques. La contrebasse de Thomas Morgan se voit souvent confier un rôle de bourdon ou de pédale. Dans cette musique modale,le tempo est souvent suggéré. Motian l’a bien compris. Il évite de trop marquer les temps. Sa pulsation irrégulière colore et suggère. Devenue instrument mélodique, sa batterie installe un tissu percussif extrêmement souple qui profite à la musique, la rend légère et fait battre son cœur.

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