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1 juin 2019 6 01 /06 /juin /2019 10:40
Basses consacrées

Juin. Pas plus d’une soixantaine de personnes au Sunside le 10 mai pour écouter le pianiste Marc Copland en solo. Consacré à Gary Peacock, “Gary” (Illusions Music), son dernier disque, a pourtant été salué par une critique unanime. Pas un seul journaliste dans la salle. Où étaient-ils tous passés ? Gary Peacock et Ron Carter sont deux des grands contrebassistes historiques de la saga du jazz. Né le 12 mai 1935, le premier a deux ans de plus que le second. Né le 4 mai 1937, Ron est toutefois beaucoup plus célèbre que Gary. Sa participation au second quintette de Miles Davis de 1963 à 1968 a fait de lui une star. On s’entassait le 28 mai au New Morning pour écouter « le bassiste de Miles Davis » comme me l’ont confié certains jeunes venus l’applaudir. Renee Rosnes, sa pianiste, ils n’en avaient jamais entendue parler. C’est pourtant en partie grâce à elle que la musique du quartette est si attractive. Ron Carter fut l’un des premiers à reconnaître son talent. Il joue sur son premier album, un enregistrement de 1989 paru sur le label Somethin’Else.

 

Gary Peacock a lui-aussi participé à bien des aventures musicales, en Allemagne, en Californie, à New York et au Japon où il séjourna, étudiant la philosophie zen. Toujours actif, il a remonté un trio avec lequel il enregistre pour ECM. Le pianiste en est Marc Copland. En 1998, retrouvant Paul Bley et Paul Motian avec lesquels il avait gravé “Paul Bley With Gary Peacock”, l’un des premiers albums de la firme munichoise, Gary enregistra pour ECM “Not Two, Not One”, l'un des meilleurs opus du trio. Une tournée fut organisée l’année suivante. En mars 1999, le concert qu’ils donnèrent en Suisse à Lugano fut enregistré. ECM le sort aujourd’hui. Dans “When Will The Blues Leave”, la contrebasse de Peacock dialogue constamment avec les notes rêveuses et tendres d’un piano étonnamment lyrique. Ce disque, l’une des pièces maîtresse de la discographie des trois hommes, est l’un des plus beaux publiés cette année. Vous en lirez ma chronique dans le numéro de juin de Jazz Magazine.

 

Beaucoup de concerts ce mois-ci et nombre d’entre eux interpellent. Ne manquez surtout pas celui, interactif, que donnera Dan Tepfer au Café de la Danse le 25 juin. Il y fêtera la sortie de “Natural Machines” (Sunnyside), un disque né des improvisations du pianiste en interaction avec des programmes informatiques de sa propre création. Il comprend onze morceaux simultanément composés et enregistrés en une seule prise sur un seul instrument, un Disklavier, piano mécanique créé par Yamaha. Des images envoûtantes créées par les algorithmes de Tepfer accompagneront ce concert événement.

QUELQUES CONCERTS ET QUELQUES DISQUES QUI INTERPELLENT

 

-Le saxophoniste Luigi Grasso (alto et baryton) au Sunset le 1er juin (21h00) pour une “Invitation au Voyage” qui donne son nom à l’album remarqué et remarquable qu’il a publié l’an dernier sur le label Camille Productions (distribution Socadisc). Avec lui : Balthazar Naturel (saxophone ténor et cor anglais), Armand Dubois (cor), Thomas Gomez (sax alto), Émilien Veret (clarinette basse), Géraud Portal (contrebasse) et Lucio Tomasi (batterie). Une instrumentation inhabituelle pour habiller les onze récits sonores que les nombreux pays qu’il a visités lui ont inspiré. Bop, swing, cool, sa musique est aussi un voyage au pays du jazz. Portée à l’échelle orchestrale, bénéficiant de splendides arrangements, sa musique ancrée dans la tradition du jazz affiche une modernité intemporelle.

-Au Triton le 7 (20h30), le pianiste Emmanuel Borghi et son trio – Jean-Philippe Viret à la contrebasse et Philippe Soirat à la batterie – invitent Géraldine Laurent (saxophone alto) afin de croiser leurs répertoires respectifs. Loin de la musique de Magma dont il fut le pianiste pendant plus de dix ans ou de celle de son épouse Himiko dans laquelle il s’implique activement, Emmanuel a fait paraître l’an dernier “Secret Beauty”, un disque de jazz acoustique très réussi dont les plus curieux d’entre vous liront la chronique dans le numéro 705 (mai 2018) de Jazz Magazine. L’amateur de jazz connaît sans doute mieux les disques et les musiques de Géraldine Laurent qui, outre des compositions personnelles, a consacré un opus à celles de Gigi Gryce et aime reprendre des standards. Fin mélodiste, Emmanuel Borghi a lui-aussi son jardin secret. Ses morceaux élégants nous conduisent dans les terres harmoniques de Bill Evans et de McCoy Tyner et font battre le cœur.

-Le 7 et le 8 à 21h00, Vincent Bourgeyx fête au Sunside la sortie de “Cosmic Dream”, un album en quartet publié sur le label Paris Jazz Underground (L’autre distribution). Avec lui David Prez, le saxophoniste de son disque et une autre rythmique, Darryl Hall (contrebasse) et Jeff Ballard (batterie) remplaçant Matt Penmann et Obed Calvaire qui l’accompagnent également dans “Short Trip”, son disque précédent. Musicien énergique, David Prez peut être d’un grand lyrisme lorsqu’il joue des ballades ou lorsque le morceau qu’il interprète possède une mélodie qui lui permet de faire chanter son saxophone. “Cosmic Dream” en renferme quelques-unes, Antoine’s Song notamment. Vincent Bourgeyx y joue un piano raffiné bien trempé dans le blues. Il cultive aussi la mémoire du jazz dont il reprend quelques standards, In Fall In Love Too Easily et I Love Paris qu’il habille d’harmonies chatoyantes. Compositeur habile, il signe également quelques pièces attractives, Cosmic Dream for Blue Shoes également en trio, Dong qui permet à Matt Penmann, son bassiste, de s’exprimer en soliste, Obed Calvaire, son batteur, faisant de même dans Too Much Love, un morceau au rythme latin et aux notes généreuses. Belles versions de Lush Life (Billy Strayhorn) et de Peace (Horace Silver), deux standards que Vincent Bourgeyx reprend dans le disque du coffret “At Barloyd’s” (Jazz&People) consacré à son piano.

-Le batteur Guilhem Flouzat en trio au Duc des Lombard le 7 et le 8 (19h30 et 21h30) avec lui Desmond White, son bassiste habituel, et Sullivan Fortner qui effectue actuellement une tournée avec Cécile McLorin Salvant. Avec eux, Guilhem a enregistré pour Sunnyside en octobre 2016 un album mémorable, “A Thing Called Joe”. Entièrement consacré à des standards –  des mélodies naguère popularisées par Frank Sinatra, Doris Day, Peggy Lee et Ella Fitzgerald (A Thing Called Joe, est tiré de la comédie musicale “Cabin in the Sky) et des œuvres composées par Thelonious Monk, Jaki Byard et Joe Zawinul –, le disque met particulièrement en valeur le magnifique piano de Fortner qui, avec “Moments Preserved” publié l’an dernier sur le label Impulse!, a depuis confirmé qu‘il est un des grands de l’instrument.

-L’octet de Fabien Mary au Sunset le 8 (21h30). Souvent nominé pour le Prix Django Reinhardt dont il fut cinq fois finaliste, le trompettiste a toutefois été récompensé l’an dernier par l’Académie du Jazz en obtenant le Prix du Disque Français pour son album “Left Arm Blues (And Other New York Stories)” édité sur le label Jazz&People. Huit morceaux inspirés par ses pérégrinations new-yorkaises qu’il composa et arrangea après une mauvaise chute en se servant de sa main gauche. Un standard, All the Things You Are, s’ajoute au répertoire de ce disque made in France aux couleurs du bop et du blues qui rassemble d’excellents musiciens. Jerry Edwards (trombone), Pierrick Pédron (saxophone alto), David Sauzay (saxophone ténor et flûte), Fred Couderc (saxophone baryton), Hugo Lippi (guitare), Fabien Marcoz (contrebasse) et Mourad Benhammou (batterie) seront avec Fabien Mary sur la scène du Sunset pour le jouer.  

Basses consacrées

-Soirée d'inauguration d'Open Ways Productions le 12 au Studio de l’Ermitage (21h00). Cette nouvelle agence de diffusion artistique a pour but de promouvoir une partie des projets musicaux du bassiste Claude Tchamitchian, du violoniste Régis Huby et du pianiste Bruno Angelini. À cette occasion, Claude Tchamitchian ouvrira le concert en solo. Comprenant Bruno Chevillon (contrebasse) et Michele Rabbia (batterie), le trio de Régis Huby lui succédera, puis le Open Land Quartet de Bruno Angelini au sein duquel officient Régis Huby, Claude Tchamitchian et le batteur Edward Perraud. Des instruments de peaux, de bois, et de métal entremêlent leurs timbres et leurs couleurs dans un  jazz de chambre mélodique largement ouvert à l’improvisation, une musique apaisée et lyrique traduisant l’univers poétique du pianiste. “Open Land” est aussi le nom du second album de la formation, l’un de mes 13 Chocs de l’an dernier.

-Chuck Israels au Sunside le 13 (21h00) pour un « Tribute to Bill Evans » avec Manuel Rocheman au piano) et Matthieu Chazarenc à batterie. Succédant à Scott LaFaro, Chuck fut pendant trois ans le contrebassiste du trio d’Evans. Il lui a rendu hommage en 2013 avec “Second Wind”, un album confidentiel en partie consacré à ses compositions et qu’il a magnifiquement arrangé. Après avoir joué avec George Russell, Cecil Taylor, Eric Dolphy, Stan Getz, Jay Jay Johnson et Gary Burton, il se consacre depuis quelques années à l‘écriture et à l’enseignement. Ses concerts en Europe se font rares. Sa présence sur une scène parisienne est donc un événement.

-Ceux qui la connaissent l’appellent par son prénom : Aniurka. Née à Santiago de Cuba, Aniurka Balanzó Palacios y apprit le théâtre, le chant et la danse qu’elle enseigne en France depuis qu’elle s’y est installée il y a une vingtaine d’années. Elle possède une bien jolie voix, sort un premier opus sous son nom et sera sur la scène du Studio de l’Ermitage le 18 juin avec Stéphane Belmondo en invité et quelques musiciens de son disque : Anthony Hocquard (guitare et tres), Alain Bruel (accordéon), Maurizio Congiu (contrebasse), et Inor Sotolongo (percussions). Arrangées par les guitaristes Marcos Atalo et Rey Ugarte, neuf des dix chansons de “Poder Volar” (Ilona Records / L’autre distribution) ont été enregistrées à La Havane. Les voix et le morceau Cantos de Luna au Studio Recall de Pompignan par Philippe Gaillot qui a réalisé le mixage et le mastering de l’album. Exprimant le pouvoir du rêve et de l’évasion et confié à deux guitares, Poder Volar (Pouvoir voler) interpelle par sa touchante simplicité. Les autres ballades – Cantos de Luna, Los Dias –, possèdent également un fort pouvoir de séduction, tout comme l’ensemble du répertoire de cet album ensoleillé, éventail coloré et sensuel de musiques afro-cubaines (son, bolero, le morceau Paraiso relevant du reggae) aux orchestrations très soignées.

-Marie Mifsud au Sunside le 20 à 21h00 dans le cadre de la 22ème édition du festival de jazz vocal qu’organise le club. Après un court album autoproduit, elle vient d’enregistrer son vrai premier disque au Studio Recall, Philippe Gaillot se chargeant bien sûr de la prise de son. Il vous faudra patienter quelques mois pour l’écouter. En attendant ne manquez pas ses concerts car la scène est bien le royaume de cette chanteuse féline qui escalade les octaves, rugit et murmure, se joue des mots qu’elle rythme de sa voix et donne beaucoup à son public. Ses textes pleins de malice, elle les écrit avec Adrien Leconte, son batteur, qui les met en musique et elle les chante sur scène avec une énergie peu commune. Quentin Coppale (flûte), Tom Georgel (piano) et Victor Aubert (contrebasse) complètent la formation. Rock, jazz, tango, ballades langoureuses, c’est la fête de la musique.

-La musique se fête aussi le 21 au Sunside à partir de 18h00 (entrée gratuite). Fasciné par Nat King Cole dont il rendra hommage à 19h30, l’excellent pianiste et chanteur Pablo Campos qui s’est fait remarqué l‘an dernier par un album en trio avec Peter Washington (contrebasse) et Kenny Washington (batterie), “People Will Say” (JazzTime records), animera la soirée jusqu’à 22h30 avec Samuel Hubert (contrebasse) et Romain Sarron (batterie), Louis Armstrong et Frank Sinatra étant également à l’honneur dans un répertoire 100% jazz. À partir de 22h30 jusqu’à tard dans la nuit, la pianiste Ramona Horvath et ses musiciens – Nicolas Rageau (contrebasse) et Philippe Soirat (batterie) – célébreront Duke Ellington en reprenant ses albums “The Duke Plays Ellington”, “And His Mother Called Him Bill” (à 23h50) et “The Great Paris Concert” (à 01h30).

-Le pianiste catalan Ignasi Terraza en trio au Duc des Lombards le 22 avec Pierre Boussaguet (contrebasse) et Esteve Pi (batterie), musiciens avec lesquels il s’est déjà produit au Duc en 2013. Il a également enregistré avec eux en 2010 un album à l’hôtel Sheraton de Bangkok. Ce grand pianiste catalan (et non-voyant) en a sorti beaucoup sur le label Swit Records. On les trouvait chez Crocojazz, l’antre de l’ermite de la montagne Sainte-Geneviève, Gilles Coquempot, qui a prit sa retraite. Sur Swit, Ignasi Terraza vient de publier début juin “High Up on the Terraza”, un opus en trio avec Pierre Boussaguet et le batteur Victor Jones. Qui aura la bonne idée de le distribuer en France ? Ici, on ne sait toujours pas qu’il est l’un des meilleurs pianistes européens, l’un de ceux qui réinvente les standards qu’il reprend tout en respectant leurs mélodies, l’un de ceux qui donnent encore un souffle au jazz tout en entretenant sa mémoire.

-Laurent de Wilde retrouve le Duc des Lombards les 24, 25 et 26 juin (19h30 et 21h30). Jérôme Regard sera son bassiste les deux premiers soirs et Bruno Rousselet le dernier, Donald Kontomanou complétant les deux trios à la batterie. À l’occasion du centenaire de la naissance de Thelonious Monk, Laurent a enregistré il y a deux ans avec Jérôme et Donald un album respectueusement décalé qui fit grand bruit. “New Monk Trio” (Gazebo) obtient la même année le Prix du Disque Français de l’Académie du Jazz. Son répertoire, Laurent de Wilde l’a beaucoup joué. Au Duc, c’est celui d’“Over the Clouds” (2012) qu’il reprendra. Laissons lui le temps d’enregistrer le prochain. On patientera en relisant son dernier livre, “Les Fous du son”, récemment paru en poche (Folio), idéal pour s’instruire en vacances.

-Le 25 juin, Dan Tepfer présentera à 20h00 au Café de la Danse “Natural Machines” (Sunnyside / Socadisc), un nouvel album en solo multimédia et multi-sensoriel dans lequel le pianiste improvise sur des algorithmes sonores de sa création avec un Disklavier Yamaha comme seul instrument. Ces derniers activent les notes de son clavier et répondent instantanément à la musique qu’il joue en temps réel. Dan Tepfer a également conçu des algorithmes permettant de convertir sa musique en images, formes abstraites que l’on peut visionner dès à présent sur YouTube. Chaque personne présente au Café de la Danse recevra un Google Cardboard, permettant de transformer son smartphone en dispositif de réalité virtuelle. L’auditeur se trouvera alors à l’intérieur des mondes trois-dimensionnels générés par la musique. C’est complexe, je vous l’accorde, mais le résultat est stupéfiant de musicalité.

“Natural Machines” sort le 14 juin. Chronique prochaine dans ce blogdeChoc.

-Dans le cadre de l’American Jazz Festiv’Halles (28ème édition) Lew Tabackin est attendu au Sunset les 28 et 29 juin (21h30) avec Philippe Aerts à la contrebasse et Mourad Benhammou à la batterie. Le 29, il invite le pianiste Alain Jean-Marie à rejoindre son trio. Né à Philadelphie en 1940, le saxophoniste, soixante-dix-neuf ans depuis le 26 mai, reste surtout connu pour son association avec la pianiste Toshiko Akiyoshi, son épouse avec laquelle il codirigea un célèbre grand orchestre. Il poursuit depuis quelques années une carrière sous son nom, tant au ténor qu’à la flûte, son second instrument, dont il reste l’un des meilleurs spécialistes.

-Laurent Cugny en quintet au Sunside le 29 juin (21h00) pour jouer la musique de la première période électrique de Miles Davis, celle qui a vu naître avant un silence discographique de six ans “In a Silent Way”, “Bitches Brew” et plusieurs autres chefs-d’œuvre du jazz fusion. Laurent a publié en 1993 chez André Dimanche un petit ouvrage très documenté sur cette période particulièrement créative du trompettiste qui court de 1968 à 1975, moment fort de l’histoire du jazz. “Électrique Miles Davis” vient d’être réédité aux Éditions Universitaires de Dijon avec une nouvelle préface. L’occasion était trop bonne pour Laurent qui a malheureusement dû dissoudre son big band, le Gil Evans Paris Workshop, de réunir autour de ses claviers Martin Guerpin (saxophones), Frédéric Favarel (guitare), Frédéric Monino (basse) et François Laizeau (batterie).

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Le Triton : www.letriton.com

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Le Café de la Danse : www.cafedeladanse.com

 

Crédits photos : “When Will The Blues Leave” © Catherine Peillon/ECM – Fabien Mary © Agata Wolanska – Open Land Quartet © Frédéric Leloup – Chuck Israels, Marie Mifsud, Lew Tabackin, Laurent Cugny © Philippe Marchin – Laurent de Wilde © Sylvain Gripoix – Dan Tepfer © Josh Goleman – Luigi Grasso, Emmanuel Borghi, Guilhem Flouzat avec Sullivan Fortner & Desmond White, Pablo Campos  © Photos X/D.R.

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2 mai 2019 4 02 /05 /mai /2019 09:01
Une affaire de goûts

Mai. Il pleut des concerts sur Paris et ceux qui m’interpellent sont plus nombreux que d’habitude. Loin d’être choisis au hasard, ils reflètent mon goût pour un jazz moderne qui n’a pas oublié son histoire, ses racines. Tous mes lecteurs savent que j’aime le piano et que, si ce dernier est privilégié dans mes chroniques, les musiciens qui pratiquent d’autres instruments y ont aussi leur place. Une longue pratique de l’écoute a formé mon goût, ma culture musicale. Une nouvelle œuvre, je la découvre avec en mémoire les très nombreuses musiques entendues depuis ma naissance, ce qui permet de comparer, d’évaluer, de porter un jugement, de goûter en profondeur ses parfums les plus subtils. C’est ce bagage culturel qui me fait préférer un disque à un autre. L’émotion est trompeuse. C’est un dérèglement des sens dont il faut se méfier. Elle n’occupe qu‘une place restreinte dans mes choix musicaux.

 

Comme les couleurs, les goûts se discutent. On peut avoir bon goût, mauvais goût ou pas de goût du tout. Il y a aussi de bonnes et de mauvaises musiques. S’adressant à un public en panne de culture, certaines pseudo émissions culturelles très regardées – l’affligeant « Basique » sur France 2 – en proposent d’insipides qui ne demandent aucun effort. Vite digérées par le consommateur lambda qui, casque aux oreilles, en écoute aujourd’hui partout, elles s’adressent à ses sens atrophiés. Contrairement à ce que certains veulent nous faire croire, les musiques n’ont pas toutes la même valeur. Les plus écoutées aujourd’hui sont de simples divertissements. D’autres nécessitent une certaine culture pour être comprises et appréciées. Les musiques savantes dont le jazz fait partie ne se dévoilent pas facilement. Elles nécessitent de l’attention mais aussi un savoir, de l’expérience. Par l’intermédiaire de leurs interprètes, de leurs créateurs, ces musiques exigeantes, chefs-d’œuvre en péril pour lesquels nous nous battons, nous font vivre de précieux moments. Grâce à elles, nous pouvons encore toucher la beauté du doigt, ce qui, dans le monde sens dessus dessous qui est nôtre, tient vraiment du miracle.

QUELQUES CONCERTS ET QUELQUES DISQUES QUI INTERPELLENT

 

-Au Sunside le vendredi 3 et le samedi 4 mai (21h00), René Urtreger invite Géraldine Laurent à rejoindre son trio – Yves Torchinsky (contrebasse) et Eric Dervieu (batterie). En 2016, au sein d’All Stars réunissant d’anciens lauréats du Prix Django Reinhardt, René et Géraldine avaient fêté ensemble sur la scène du théâtre du Châtelet les 60 ans de l’Académie du Jazz. Depuis, le pianiste et la saxophoniste jouent parfois ensemble, s’attardant sur un répertoire qui leur tient à cœur, ce be-bop toujours réinventé dont ils entretiennent la mémoire. Deux concerts pour ceux qui aiment le jazz qui ressemble à du jazz.  

-Anne Ducros au Sunset le 4 (21h30). Elle impressionne par sa technique, la parfaite justesse de son chant, et n’a pas fait de disque depuis “Brother Brother !”, un enregistrement de 2017 dédié à son frère et consacré à des chansons qu’elle affectionne (La Bicyclette, On Broadway, What’s Going On, Déshabillez moi). Elle prépare un nouvel album avec le guitariste Adrien Moignard, un autodidacte de la guitare venu tardivement au jazz manouche. On les a entendus en duo il y a quelques mois au Sunset. C’est en trio qu’ils s’y produisent aujourd’hui, la contrebasse de Diego Imbert rajoutant du poids à la musique d'un nouveau répertoire.

« Quarte blanche » à Aldo Romano au Triton les 4, 11, 17 et 25 mai à 20h30. Le samedi 4, le batteur se produit en duo avec le pianiste néerlandais Jasper Van’t Hof. Ils ont joué ensemble dans divers quartettes et dans Pork Pie, un groupe qui en 1973 comprenait Philip Catherine, Charlie Mariano et Jean-François Jenny-Clark. Utilisant de nombreux claviers, Van’t Hoff est aussi un musicien véloce et subtil au piano acoustique comme en témoignent “Whybecause” (Hôte Marge) et “Axioma” (Jaro), deux disques qu'il a enregistré en solo.

-Le 9 au Bal Blomet (20h30), Stéphane Kerecki présente la musique de “French Touch” (Incises) un disque de l’an dernier consacré comme son nom l’indique à la « French Touch », une vague musicale électro apparue dans les années 90. Avec Julien Lourau (remplaçant Émile Parisien) aux saxophones, Jozef Dumoulin grand spécialiste des effets sonores et des trames harmoniques et le peintre batteur Fabrice Moreau qui sait donner de belles couleurs à ses rythmes, le bassiste improvise sur des musiques de Air (Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin) et de Daft Punk, (Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo), des mélodies qui, jouées dans un contexte acoustique, deviennent réellement envoûtantes.

-Marc Copland en solo au Sunside le 10 (à 21h30) pour un hommage à Gary Peacock. Un concert à ne surtout pas manquer car avec Fred Hersch, Brad Mehldau, Kenny Barron et quelques autres, Marc fait partie du peloton de tête des pianistes de jazz américains. Paru l’an dernier, “Gary”, son dernier disque sur Illusions Records, est presque entièrement consacré aux compositions du bassiste. Ils ont beaucoup joué ensemble et Marc est aujourd’hui le pianiste de son trio (deux albums sur ECM). Avec lui, une mélodie devient prétexte à d’inépuisables variations de couleurs, ses harmonies flottantes lui donnant une indiscutable dimension onirique.

 

-Le 11, nouvelle « Quarte blanche » à Aldo Romano au Triton. Un second acte qui permet au batteur de retrouver le trompettiste Enrico Rava au sein d’un quartette comprenant Baptiste Trotignon au piano et Darryl Hall à la contrebasse. La formation qui s’est souvent produite au Sunside nous est désormais familière.

-Créé en 2001 et organisé par l’association L’Esprit Jazz, l’incontournable festival Jazz à Saint-Germain-Des-Prés se tiendra cette année du 16 au 27 mai. Cyrille Aimée le 20 dans le salon Cristal de l’hôtel Lutetia rénové, Sylvain Rifflet et l’Ensemble Appassionato le 22 dans le grand amphithéâtre d’Assas et le Biréli Lagrène Trio le 23 au même endroit en sont pour moi les moments forts. Vous en consulterez attentivement le programme concocté par Frédéric Charbaut, co-fondateur d’un festival dont il assure la direction artistique. Avec son équipe – Donatienne Hantin (co-fondatrice et co-directrice du festival), Géraldine Santin, Véronique Tronchot, Myriam Solvès, Sophie Louvet, Nicole Hognon –, ce dernier prend des risques, donne sa chance à de jeunes musiciens, organise des conférences, des bavardages (au Café des Editeurs), des jam sessions (au Lucernaire), et sensibilise nos jeunes lycéens au jazz. Soutenu par la Fondation BNP Paribas qui offre un prix de 2000 euros au lauréat, son tremplin jeunes talents qui existe depuis 2002 permet de découvrir les musiciens de demain. Des concerts gratuits place Saint-Germain-des-Prés et des showcase(s) à la FNAC Montparnasse sont également annoncés.

 

-Le 17, pour sa troisième « Quarte blanche » au Triton,  Aldo Romano fait revivre Palatino, l’un des groupes importants des années 90 (trois albums studio entre 1995 et 2001 et un live en 2011). Michel Benita à la contrebasse et de Glenn Ferris au trombone seront au rendez-vous. Paolo Fresu indisponible, Yoann Loustalot le remplacera à la trompette.

-Un double programme qui interpelle le 18 au Studio 104 de Radio France (20h30) dans le cadre de l’émission Jazz sur le Vif que présente Arnaud Merlin. Le trio Orbit réunit le pianiste Stéphan Oliva, le bassiste Sébastien Boisseau et le batteur Tom Raney. C’est autour de ce dernier entendu au sein des groupes de Fred Hersch et de Kenny Werner que s’est peaufiné le répertoire de leur premier disque en trio, “Orbit” (Yolk Music / L’autre distribution). Vous en trouverez prochainement la chronique dans le blogdeChoc.

En deuxième partie de concert, le Devil Quartet de Paolo Fresu mérite également le déplacement. La formation qui existe depuis 2003 a toujours conservé le même personnel, Bebo Ferra (guitare acoustique), Paolino Dalla Porta (contrebasse) et Stefano Bagnoli (batterie) entourant le trompettiste sarde. Ce dernier apporte une douceur toute méditerranéenne aux nombreuses ballades du répertoire que contient “Carpe Diem”, disque que le quartette a publié l’an dernier.

-Cyrille Aimée dans le salon cristal de l’hôtel Lutetia (45, boulevard Raspail Paris 6ème) le 20 mai à 19h00, dans le cadre du festival Jazz à Saint-Germain-Des-Prés. Avec elle : Bjorn Ingelstam (trompette), Maxime Berton (saxophone), Laurent Coulondre (piano), Ralph Lavital (guitare), Jérémy Bruyère (contrebasse) et Yoann Serra (batterie). C’est son premier concert en France depuis la parution en février de “Move On : A Sondheim Adventure” (Mack Avenue), son meilleur disque à ce jour. Ayant dissous le groupe de jazz manouche qui l’entourait depuis quelques années, la chanteuse qui vit aujourd’hui à la Nouvelle-Orléans, change de répertoire pour chanter Stephen Sondheim, l’un des grands compositeurs américains de comédies musicales. “Sweeney Todd” que Tim Burton adapta au cinéma, “Into the Woods”, “Sunday in the Park with George” pour ne pas tous les citer. On lui doit aussi les paroles de “West Side Story” de Leonard Bernstein, et la chanson Send in the Clowns, un standard que les amateurs de jazz connaissent bien. Cyrille Aimée ne la reprend pas dans son disque, lui préférant celles dont les textes qui, en résonnance avec sa propre vie, révèlent ses sentiments personnels. L’instrumentation très diversifiée de cet album enregistré à Paris, La Nouvelle-Orléans, New York et dans le New Jersey a demandé plusieurs jours de studio. Une vingtaine de musiciens – certains d’entre eux vont accompagner la chanteuse au Lutetia – s’y font entendre, chaque chanson bénéficiant d’un arrangement spécifique, Cyrille Aimée jonglant même avec sa propre voix dans When I Get Famous qui introduit le disque.

-Sylvain Rifflet et l’Ensemble Appassionato dirigé par Mathieu Herzog le 22 à 20h00 dans le grand amphithéâtre d’Assas, un concert également programmé par le festival Jazz à Saint-Germain-Des-Prés. Le saxophoniste interprétera son “Re-Focus”, l’un de mes 13 Chocs de l’année 2017. Son modèle est bien sûr “Focus” que Stan Getz enregistra pour Verve en 1961, l’un des chefs-d’œuvre de sa discographie. Getz y improvise sur une musique écrite par Eddie Sauter pour un orchestre à cordes. “Re-Focus” est toutefois différent. Arrangé par Fred Pallem (le Sacre du Tympan) il contient d’autres morceaux et n’en est pas le pastiche. Sylvain Rifflet en reprendra la partition avec les cordes de l’Ensemble Appassionato présentes dans l’album, Florent Nisse (contrebasse) et Guillaume Lantonnet (batterie) assurant la rythmique.

-Le pianiste Kenny Werner et le saxophoniste Benjamin Koppel au Duc des Lombards le 22 et le 23 mai (deux concerts par soir, à 19h30 et 21h30). Avec eux une section rythmique d’exception : Scott Colley à la contrebasse et Peter Erskine à la batterie. Werner et Koppel ont enregistré plusieurs albums pour le label Cowbell Music et joué ensemble dans les clubs de nombreux pays, notamment au Blue Note de New-York. Improvisateur à l’imagination féconde croisant harmonies européennes et lignes de blues, Kenny Werner rend toujours lisible la ligne mélodique de ses morceaux. Le pianiste romantique est aussi un rythmicien énergique et véloce dont la technique sert constamment la musique.

-Biréli Lagrène en trio avec Chris Minh Doky à la contrebasse et Mino Cinelu aux percussions le 23 à 20h00 dans le grand amphithéâtre d’Assas, toujours dans le cadre du festival Jazz à Saint-Germain-Des-Prés. Le guitariste y interprétera le répertoire de “Storyteller”, un album sorti en novembre 2018 chez Naïve au sein duquel il utilise aussi bien des instruments acoustiques qu’électriques. Larry Grenadier est le bassiste de cet enregistrement, l’une des réussites de sa discographie. Standards et compositions originales en constituent le programme.

-Le piano élégant de Yonathan Avishai rappelle celui d’Ahmad Jamal, John Lewis et Duke Ellington qu’il admire. Comme eux, il utilise ses notes avec parcimonie, recherche l’épure et accorde une grande importance au silence. “Joys and Solitudes” est le premier disque qu’il enregistre sous son nom pour ECM et il est enthousiasmant. Accompagné de ses musiciens habituels – Yoni Zelnick à la contrebasse et Donald Kontomanou à la batterie –, il en a joué les morceaux en février au studio de l’Ermitage. Le même trio est attendu au Sunside les 23 et 24 mai. On ne peut que s’en réjouir.

Une affaire de goûts

-Le San Francisco Jazz Collective le 24 à 21h00 au théâtre du Vésinet (59 boulevard Carnot, 78110 Le Vésinet) dans le cadre du festival Jazz Métis qui accueille également le 22 à 21h00 le quartette du pianiste Pierre Christophe dans un récital Erroll Garner. Basée en Californie, la formation s’est produite en novembre à la Cité de la Musique. Fondée en 2004, elle rassemble pour des concerts huit jazzmen autour du répertoire d’un musicien célèbre, celui d’Antônio Carlos Jobim étant cette année à leur programme. Chaque membre du groupe arrange un thème de ce dernier et en compose un en son honneur. Le San Francisco Jazz Collective rassemble  aujourd’hui Etienne Charles (trompette), Marshall Gilkes (trombone), Myron Walden (saxophone alto), David Sanchez (saxophone ténor), Edward Simon (piano), Warren Wolf (vibraphone), Matt Brewer (contrebasse) et Obed Calvaire (batterie).

 

-Le 25, pour sa quatrième et dernière « Quarte blanche » au Triton, Aldo Romano réunit autour de lui Géraldine Laurent (saxophone alto), Mauro Negri (clarinette) et Henri Texier (contrebasse), musiciens avec lesquels il enregistra en 2007 pour Dreyfus le disque intitulé “Just Jazz”.

-Cécile McLorin Salvant en duo avec Sullivan Fortner au New Morning le 27 (21h00) pour chanter l’amour impossible, l’amour contrarié, le répertoire de “The Window”, un album publié l’an dernier. Ce dernier, l'un des pianistes les plus en vue de la scène américaine, trempe ses doigts dans le blues non sans moderniser un répertoire remontant jusqu’aux années 20 (J’ai l’cafard, une romance que Fréhel et Damia interprétèrent). Enregistré au Village Vanguard, son disque contient aussi bien des extraits de comédies musicales, que des thèmes de Stevie Wonder (Visions), Nat « King » Cole (Wild is Love), Jimmy Rowles (The Peacocks) et Dori Caymmi qu’elle reprend souvent sur scène. Le tour de chant éclectique d’une voix en or.

-Le 28, en duo avec Nicolas Rageau à la contrebasse, la pianiste roumaine Ramona Horvath fête au Sunside la sortie de leur album “Le Sucrier Velours” (Black & Blue / Socadisc). Si les standards qu’il contient nous sont familiers et ont souvent été joués – Drop Me off in Harlem et Le Sucrier velours de Duke Ellington, Hot House de Tadd Dameron, U.M.M.G de Billy Strayhorn –, les compositions originales de l’album surprennent et séduisent par leur fraîcheur. Ramona Horvath joue un piano élégant qu’elle trempe dans le swing et le blues, dans les racines du jazz. Constamment à son écoute, en naturelle osmose, Nicolas Rageau commente et développe les variations qui naissent autour des thèmes, non sans faire chanter les timbres de son instrument et donner du poids à la musique.

-Ron Carter et son Foursight Quartet au New Morning le 28 (21h00). On ne présente plus ce géant de la contrebasse qui fut membre du deuxième quintette de Miles Davis dans les années 60. Avec Renee Rosnes (piano), Jimmy Greene (saxophone ténor) et Payton Crossley (batterie), il rend hommage au trompettiste, reprenant des thèmes que ce dernier aimait jouer et qu’il a enregistrés (Bag’s Groove, My Funny Valentine, Stella By Starlight), les associant à ses propres compositions. “Dear Miles” (Somethin’ Else), un album qu’il a enregistré en 2006, les contient. Ron Carter a depuis changé de pianiste. Depuis quelques années, Renee Rosnes travaille avec lui et apporte à la musique son raffinement harmonique. Plus connue au Japon qu’en Europe, cette grande pianiste canadienne a réalisé ses premiers enregistrements avec comme invités Joe Henderson, Branford Marsalis et Ron Carter, l’un des premiers à avoir reconnu son talent.

-Le quartette Slow au Studio de l’Ermitage le 30 pour fêter la sortie de “Slow” (Bruit Chic / L’autre distribution) en vente depuis la fin du mois d’avril. Le disque porte bien son nom, car la formation y fait l’éloge de la lenteur, prend son temps pour nous séduire avec un jazz modal dont les couleurs sonores évoquent des paysages d’hiver, une musique qui donne beaucoup d’espace et de liberté aux solistes. Membre du Florian Pellissier Quintet et du quartette Lucky Dog, Yoann Loustalot (trompette et bugle) est l’un des trompettistes de jazz français qui compte aujourd‘hui. “Pièces en forme de flocons” qu’il a enregistré pour Bruit Chic en 2016 avec le pianiste François Chesnel et le batteur Antoine Paganotti n’est pas très éloigné de cet opus que rend tout aussi mélancolique la sonorité pleine et profonde de son bugle. Membre du quartette d’Émile Parisien, Julien Touery, l’autre soliste joue un piano élégant, égraine de petites notes qu’il pétrit de silence. On lui doit deux des plus belles mélodies d’un album qui ne peut qu’envoûter celui qui l’écoute. Celle de Fjords est largement confiée au bugle ; Vers le Nord, laisse davantage les musiciens s’exprimer. A la contrebasse, Éric Surmenian ajoute ses propres commentaires à ceux des solistes, les percussions de Laurent Paris colorant subtilement la musique.

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

-Le Triton : www.letriton.com

-Bal Blomet : www.balblomet.fr

-Festival Jazz à Saint-Germain-Des-Prés : www.festivaljazzsaintgermainparis.com

-Radio France – Jazz sur le vif : www.maisondelaradio.fr/concerts-jazz

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-Le Vésinet Jazz Métis Festival : www.vesinet.org/le-vesinet-jazz-metis-festival

-New Morning : www.newmorning.com

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

 

Crédits Photos : René Urtreger © Philippe Marchin – Aldo Romano © Julien Vivante – Stéphane Kerecki French Touch Quartet © Franck Juery – Marc Copland © Francesco Prandoni – Trio Orbit © Damien Lorrai – Devil Quartet © R. Cifarelli – Sylvain Rifflet / Mathieu Herzog & l’Ensemble Appassionato © Christian Rose – San Francisco Jazz Collective © Jay Blakesberg – Sullivan Fortner & Cécile McLorin Salvant © Mark Fitton – Ramona Horvath & Nicolas Rageau © Cyrille Clément – Ron Carter © Pierre de Chocqueuse – Maternité musicale, Anne Ducros, Kenny Werner / Benjamin Koppel / Scott Colley / Peter Erskine, Yonathan Avishai Trio © Photos X/D.R.

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1 avril 2019 1 01 /04 /avril /2019 09:50
Le vinyle, dernier rempart contre une dématérialisation de la musique ?

Lorsque j’ai demandé à Bill Carrothers en décembre s’il comptait enregistrer un nouvel album, il me répondit que les disques ne se vendant plus il n’en avait pas l’intention. Se consacrant à l’enseignement, le pianiste mène une vie tranquille dans une petite bourgade du Michigan que l’hiver recouvre de neige. Pourquoi faire des disques lorsqu’on n’arrive pas à les vendre ?

 

Car les habitudes du consommateur ont changé. Il délaisse les magasins et télécharge sur internet les morceaux qu’il souhaite entendre, s’adonne au streaming, s‘abonne à des plateformes pour les écouter. Il achète peu de CD(s) s’il en achète encore. Les petites maisons de production, les indépendants dont les catalogues, même modestes, apportent tant à la musique et contribuent à sa richesse, à sa diversité, réduisent la voilure ou mettent la clef sous la porte. C’est le cas de Jean-Louis Wiart qui met fin à son label AxolOtl Jazz créé il y a plus de vingt ans. Philippe Ghielmetti n'envisage plus lui aussi de produire des disques sur Illusions Music. “Gary”, un enregistrement en solo de Marc Copland, sera probablement son dernier.

 

Les musiciens ont pourtant grand besoin d’enregistrer. La plupart d’entre eux gagnent aujourd’hui davantage en vendant leurs disques à leurs concerts qu’en les confiant à des distributeurs. Certains tirent leur épingle du jeu en proposant une musique fade et racoleuse qui ne relève pas du jazz. Les autres, les plus nombreux, peinent à trouver des engagements, à faire vivre leurs orchestres. L’aventure est ainsi terminée pour le Gil Evans Paris Workshop de Laurent Cugny. Reste un grand disque sur Jazz&People et des concerts inoubliables.   

 

Si la disparition du CD est bel et bien programmée, le vinyle occupe de plus en plus d’espace dans les FNAC et autres grandes surfaces qui en proposent encore. Séduit par un objet aujourd’hui à la mode dont les ventes limitées ne compensent pas les pertes d’une industrie en crise, le mélomane lambda l’achète souvent les yeux fermés, sans se rendre compte que s’il a été gravé à partir d’un enregistrement numérique, ce qui est le cas de presque tous les disques enregistrés depuis la fin des années 80, le son sera le même que celui du CD.

 

Un disque vinyle ne présente de l’intérêt sur le plan sonore que lorsqu’il est gravé à partir de sa source analogique. Quelques petites compagnies de disques procèdent ainsi. C’est le cas de Sam Records en France, de Speakers Corner Records en Allemagne, de Acoustic Sound (A.P.O. Records) aux États Bénis d'Amérique *. Ayant passé des contrats de licence avec les propriétaires des bandes, ces derniers leur fournissent le matériel d’origine. Bénéficiant ainsi d’une présentation soignée, les disques retrouvent ainsi leur sonorité initiale, une brillance qu’ils auraient toujours dû garder. Sam Records et Resonance Records éditent également des bandes inédites. De précieux enregistrements de Thelonious Monk (“Les Liaisons dangereuses”), de Nathan Davis avec le Georges Arvanitas Trio, du Thad Jones / Mel Lewis Orchestra, de Larry Young ont ainsi vu le jour. À l’occasion du Disquaire Day (13 avril) que l’amateur de vinyle attend chaque année, Resonance annonce la sortie ce jour-là en édition limitée de disques inédits de Bill Evans en trio avec Eddie Gomez et Marty Morell (“Evans in England”) et de Wes Montgomery (“Back on Indiana Avenue : The Carroll DeCamp Recordings”). Les CD(s) seront commercialisés quelques jours plus tard.

 

Combien de temps le CD existera-t-il ? Nul ne le sait, mais le vinyle a encore de beaux jours devant lui. Jazz Magazine ne vient-il pas de lui consacrer un dossier et Le Monde un article ** ? Dernier rempart contre la dématérialisation, destiné à un public d’audiophiles, il aura traversé bien des époques et fédéré bien des passions. Le musicien de jazz le vendra peut-être à son concert lorsque le CD aura disparu. Les studios d’enregistrement auront alors ressorti leurs magnétophones à bandes, ces vieux Ampex qui ont vu naître tant de bons disques. On peut toujours rêver.

 

* Un emprunt à Bohumil Hrabal dont la lecture de ses “Lettres à Doubenka” (Éditions Robert Laffont) me met en joie.

** Dans son édition du dimanche 31 mars / lundi 1er avril (page 11).

QUELQUES CONCERTS ET QUELQUES DISQUES QUI INTERPELLENT

 

-Le saxophoniste belge Robin Verheyen (soprano et ténor) au Duc des Lombards le 3 et le 4 avril (19h30 et 21h30). Avec lui le jeune pianiste Bram De Looze, belge également, et le batteur Joey Baron récemment entendu au Sunside au sein du trio de Marc Copland. Ce dernier tient le piano dans “When the Birds Leave” (Universal), un disque en quartette que Verheyen enregistra en 2016. Le saxophoniste est également « Producer and ears » du prochain album en trio de Marc. Joey Baron en est le batteur. Son drumming souple et aéré convient bien aux harmonies souvent flottantes de Verheyen. Nos trois musiciens viennent de consacrer un album à Thelonious Monk. Son titre : “Mixmonk. On espère qu’Universal France le sortira prochainement. Cinq thèmes de Monk font l’objet de relectures originales, des compositions de Verheyen et de De Looze complétant un disque très attachant.

-Situé 19 rue des Frigos dans le 13ème, l’UMJ (Union des Musiciens de Jazz) accueille le trio germano-franco-brésilien Dreisam le 7 avril à 16h00 à l’occasion de la sortie de “Up Stream (Jinrikisha / Inouïe distribution), un disque enregistré comme le précédent (“Source en 2014) au studio La Buissonne. Installés à Lyon, Nora Kamm aux saxophones, Camille Thouvenot au piano mais aussi à parfois l’orgue (notamment dans A Voir, une composition de leur nouvel album) et Zaza Desidero à la batterie proposent un jazz lyrique aux couleurs chatoyantes. La musique, des compositions originales d’une grande fraîcheur aux nombreuses influences géographiques, est ici fort bien servie par les sonorités douces et enveloppantes du soprano, les harmonies élégantes du piano, un batteur sensible et toujours à l’écoute. Une formation à découvrir.

-Le 10 à 20h30, le pianiste Guillaume de Chassy fêtera au Bal Blomet la sortie d’un nouveau disque en solo. “Pour Barbara (NoMadMusic / Pias) contient des relectures subtiles de quelques-uns des grands succès de la chanteuse, Nantes, Göttingen, L’Aigle Noir, Ma plus belle histoire d’Amour (dont le thème, magnifique, est dévoilé à la suite d’un long et lent prélude onirique), des chansons immortelles. Avec délicatesse – son toucher est d’une finesse exceptionnelle –, Guillaume de Chassy en harmonise les mélodies, les plie à son propre langage musical, se les réapproprie pour les faire revivre autrement, transformées en pages classiques. Car le pianiste a toujours nourri son inspiration dans les œuvres de compositeurs du XIXème et de la première moitié du XXème siècle. Serge Prokofiev n’aurait pas désavoué la cadence soutenue dont hérite Une petite cantate. Frédéric Chopin se fait entendre dans le doux balancement de Pour Barbara (vers l’aube), un des trois interludes composés par Guillaume, et L’Aigle noir renferme quelques notes de Claude Debussy. Le pianiste a choisi d’en insérer le thème dans Les Rapaces, un morceau vif dont les cavalcades de notes tranchent avec celles, économes et graves, de L’Aigle Noir. On est plus proche de l’univers pianistique et poétique de Jean Cras et de Gabriel Dupont, compositeurs français trop oubliés, que du jazz américain, Guillaume de Chassy privilégiant l’harmonie au sein d’une certaine ascèse sonore. Ici point d’esbroufe, de notes superflues, juste de la très belle musique jouée par un pianiste habité par la grâce.

-Le 11, Nicolas Parent présentera les musiques de son nouvel album, son troisième, au Studio de l’Ermitage. “Mirages” (L’Intemporel / L’autre distribution) contient sept pièces féériques qui relèvent davantage de la world music que du jazz. Le guitariste nous entraîne dans les paysages sonores de son imaginaire. Musiques arabes, indiennes et africaines s’entremêlent, la guitare délicatement arpégée servant de fil conducteur à un voyage poétique auquel sont étroitement associés les compagnons de route habituels de Nicolas, Kentaro Suzuki à la contrebasse et Guillaume Arbonville dont les percussions sont beaucoup mieux intégrées à la musique que dans “Tori, l’album précédent du trio. Sa première plage, Train to Isalo, y accueille le violoncelle de Karsten Hochapfel. Aujourd’hui confié à Vincent Segal, l’instrument apporte de belles couleurs à Doux Mirage et à Songe d’automne, deux perles d’un disque très attachant.

-La chanteuse Susanna Bartilla sur la péniche Le Marcounet (port des Célestins, au pied du Pont Marie) le 14 à 18h00. On a peu l’occasion de l’écouter chanter à Paris. Elle est retournée vivre à Berlin, sa ville natale, et s’y produit avec succès. Mike Segal au saxophone alto et Kenny Martin à la batterie feront le voyage de Berlin avec elle. Quelques-uns des musiciens habituels de la chanteuse doivent les rejoindre pour ce concert en sextet : Alain Jean-Marie imperturbable et égal à lui-même au piano, Sean Gourley à la guitare et Claude Mouton à la contrebasse. Au programme, les Beatles dont les mélodies souvent enthousiasmantes nourrissent aujourd’hui le jazz. Elle leur consacrera son prochain album après avoir chanté la grande Peggy Lee – il faut écouter sa version de Johnny Guitar - et les chansons de Johnny Mercer. Sa voix n’est pas sans évoquer celle de Marlène Dietrich, une autre berlinoise qu’elle admire, une voix de contralto traînante, un peu rauque et au fort vibrato qui envoûte et enchante.    

-Le concert que Philip Catherine devait donner au New Morning le 22 mars avec Emmanuel Bex et Aldo Romano ayant été annulé suite à une mauvaise chute du guitariste, c’est au Sunset qui vit naître leur trio dans les années 90, qu'ils se produiront le dimanche 21 avril (18h00 et 20h30) – un autre concert est prévu au New Morning le 25 juin. Nos trois musiciens n’avaient jamais enregistré de disque ensemble et “La Belle vie” (Sunset Records), en vente depuis le 1er février, est leur premier. Associant orgue Hammond (instrument que je n'aime pas trop mais qu'Emmanuel Bex sait rendre vivant et expressif), guitare et batterie, il rassemble quelques-unes de leurs propres compositions dont La Belle vie pour Maurice un hommage d’Emmanuel Bex à Maurice Cullaz que le BFG trio (Bex, Ferris, Goubert) enregistra pour Naïve en novembre 2000.

-Après la Petite Halle en décembre, le Duc des Lombards accueille le Zoot Octet le 24 avril (19h30 et 21h30). Organisés en collectif depuis 2016, ses membres ont composé le répertoire de “Zoot Suite Vol.2 (Zoot Records / Socadisc), un album publié l’an dernier, le second de cette formation prometteuse. Enregistré en analogique, il séduit par ses arrangements, les improvisations des solistes, la présence d’un quatuor à cordes les enrichissant également. Noé Codjia (trompette), Thomas Gomez (saxophone Alto), Neil Saidi (saxophone baryton), Ossian Macary (trombone), Clément Trimouille (guitare), Pablo Campos (piano), Clément Daldosso (contrebasse), David Paycha (batterie) constituent une équipe qui gagne. Malgré l’absence des cordes, on ira bien sur écouter sa musique, du jazz qui ressemble à du jazz, ce qui n’est pas si fréquent.

-Dans cette famille Brown de Memphis, tous sont musiciens. Marié à une flûtiste, Donald, le père, est un célèbre pianiste. Très demandé à New York où il réside désormais, Keith, le jeune fils, lui aussi pianiste, joue avec Stefon Harris, John Clayton et Charles Tolliver. Son frère aîné, Kenneth, un batteur, sort son deuxième album  sur Space Time Records, un disque produit par Xavier « Big Ears » Felgeyrolles, un grand ami de la famille Brown qui produit tous leurs albums. Habitant Knoxville (Tennessee), Kenneth Brown vient présenter le sien, son second, au Sunside les 25 et 26 avril. Intitulé “2nd Changes”, il réunit une solide bande de souffleurs, les plus célèbres étant le trompettiste Nicholas Payton et le saxophoniste Chris Potter. Ne pouvant amener tous les musiciens de son disque à Paris, il en interprétera le contenu en quartet avec son frère Keith au piano, Darryl Hall à la contrebasse (tous deux présents sur ce nouvel opus) et Baptiste Herbin aux saxophones. Enregistré à New York en septembre 2018, “2nd Changes” exhale le parfum sudiste de la soulful music, mélange épicé de blues, de soul et de jazz. Outre quelques célèbres standards dont on ne se lasse pas – You Don’t Know What Love Is, Softly As a Morning Sunrise – , le répertoire comprend des compositions du père et des deux fils, Kenneth dédiant l'un de ses thèmes, Down at Small’s, au trompettiste Roy Hargrove récemment disparu.

-Duc des Lombards : www.ducdeslombards.com

-UMJ (Union des Musiciens de Jazz) : www.umj-asso.com

-Bal Blomet : www.balblomet.fr

-Studio de l’Ermitage : www.studio-ermitage.com

-Péniche Le Marcounet : www.peniche-marcounet.fr

-Sunset-Sunside : www.sunset-sunside.com

 

Crédits photos : Joey Baron / Bram De Looze / Robin Verheyen © Gemma van der Heyden – Susanna Bartilla © André Moustac – Emmanuel Bex / Philippe Catherine / Aldo Romano © Alexandre Lacombe – Zoot Octet © Neil Saidi - Platine vinyle © photo X/D.R.

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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 09:11
L'évangile selon Saint Duke

Invité le 16 septembre 1965 à présenter un concert de musique sacrée en la cathédrale de la Grâce de San Francisco qui se dresse au sommet de Nob Hill, Duke Ellington inaugura un genre inédit de musique sacrée : le “Sacred Concert”, sorte d’oratorio au sein duquel cohabitent le jazz, le gospel, le blues et la magie ellingtonienne. Le Duke connaissait l’histoire d'un jongleur, qui, au Moyen Age avait exprimé sa gratitude à la Vierge en dansant devant sa statue. Outre deux chorales, il fit donc appel à un danseur de claquettes. « In the Beginning God », Au commencement Dieu…, trois mots sur lesquels s’ouvre la Bible du roi Jacques, fournirent le thème principal du concert, une composition qu’Harry Carney introduisait au saxophone baryton. Le programme comprenait bien sûr Come Sunday, un extrait de “Black, Brown and Beige”, et The Lord’s Prayer, gospel porté avec ferveur par l’orchestre au complet.

L'évangile selon Saint Duke
L'évangile selon Saint Duke

Un Second “Sacred Concert” vit le jour le 19 Janvier 1968 devant 6 000 personnes en la cathédrale Saint-Jean l’Evangéliste (St. John the Divine) de New York et fit l’objet d’un enregistrement studio chez United Artists trois jours plus tard. Presque toutes les compositions étaient nouvelles. Il débutait par Praise God confié là encore au saxophone baryton de Carney. Le très remarqué Supreme Being fut composé à cette occasion, de même que Something about Believing, The Shepherd, Heaven (chanté par la soprano Alice Babs), Meditation (duo qui réunissait Duke Ellington au piano et Jeff Castleman à la contrebasse), et It’s Freedom (contribution du Duke à la lutte de son peuple pour l’obtention de ses droits civiques). Introduit par Alice Babs (en photo avec Ellington), le final, Praise God and Dance, s’inspirait du psaume 150. Jimmy Hamilton, Paul Gonsalves et Cat Anderson étaient les principaux solistes de cet acte de foi.

Mal préparé avec un Duke Ellington déjà malade (il devait disparaître quelques mois plus tard), un troisième “Sacred Concert” fut créé à Londres, à Westminster Abbey le 24 octobre 1973.

L'évangile selon Saint Duke

Tous ces morceaux et d’autres encore, seront joués le mercredi 1er octobre, à Paris, en l’église de la Madeleine. Porté par cinquante deux colonnes corinthiennes lui donnant un air de temple grec, son architecture massive étonne toujours les visiteurs. Napoléon voulait en faire un temple maçonnique dédié à la raison. Le bâtiment faillit être transformé en gare ferroviaire en 1837 et, pour finir, devint une église en 1845. Éduqué par la Bible, mais aussi franc-maçon, Ellington dont l’indicatif des concerts de son orchestre était Take the ‘A’ Train aurait sûrement apprécié y faire jouer sa musique. De son vivant, il donna un concert de musique sacrée dans une autre église parisienne, à Saint Sulpice en décembre 1969. Plusieurs mois de préparation, des travaux coûteux, une estrade spéciale, une sonorisation pointue et une resquille record écartèrent tous bénéfices autres que spirituels raconte l’organisateur de la manifestation, le regretté Philippe Koechlin, dans ses “Mémoires de Rock et de Folk”.

L'évangile selon Saint Duke

Souhaitons que pareille mésaventure n’arrive pas à Laurent Mignard, grand responsable de cette résurrection ellingtonienne. Enthousiasmé par les “Sacred Concerts” qu’il donna ces dernières années, le Duke Ellington Center for the Arts de New York présidé par Mercedes Ellington, la petite fille de Duke Ellington, a commandé au Duke Orchestra, l’orchestre de Mignard, une tournée des Musiques Sacrées d’Ellington dans les cathédrales de France. Pour la lancer, Laurent a décidé de frapper fort. La foi ne soulève t-elle pas des montagnes ? Pas moins de 80 artistes sur scène à la Madeleine : le Duke Orchestra au complet (en citer les membres serait fastidieux), mais aussi l’ensemble Les Voix en Mouvement que dirige Michel Podolak, les chœurs Gospel Attitude et White Spirit, le chœur de La Celle Saint-Cloud et de prestigieux invités. Chorégraphe du “Sacred Concert” de 1968, Mercedes Ellington en sera la récitante, Emmanuel Pi Djob, Nicolle Rochelle et Sylvia Howard les vocalistes et Fabien Ruiz le danseur de claquettes.

Dans sa grande bonté, le pape François a promis un an d’indulgence à tout possesseur de billets. Toujours souffrant, Monsieur Michu a déjà pris le sien. Qu’attendez-vous ? Pour une fois que le ciel nous fait perdre la tête…

L'évangile selon Saint Duke

DUKE ELLINGTON SACRED CONCERT

Eglise de la Madeleine

Mercredi 1er octobre 2014 - 21h00

 

Billetterie :

www.laurentmignard.com

www.fnac.com

 

Infos :

Tel : 01 40 93 36 60

Photo de Laurent Mignard © Pierre de Chocqueuse – Autres © Photos X/D.R.

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