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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 00:00

Publiés cet automne, ces deux disques ne méritent pas l'oubli. Jean-Paul peut sans danger les offrir à Monsieur Michu. Merci d’y prêter attention.

 

Roy Haynes, Roy-Alty coverRoy HAYNES : “Roy-Alty” (Dreyfus Jazz/Sony)

À 86 ans, Roy Haynes n’est plus un tout jeune homme. Batteur préféré de Charlie Parker, il a été de l’aventure du bop et garde le jazz en mémoire. Rien d’étonnant donc à ce que ses disques restent ancrés dans son histoire. Reconnaissable à sa sonorité mate et contrastée, sa batterie bat le blues et le bop et place le groove au cœur de la musique. Attaché aux standards et à la tête de son Fountain of Youth Band au sein duquel David Wong remplace John Sullivan à la contrebasse, Roy reprend These Foolish Things, joue Thelonious Monk, Sonny Rollins et Miles Davis. Son disque contient aussi de grandes versions de Tin Tin Deo et Passion Dance, un thème de McCoy Tyner. Le batteur a toujours aimé s’entourer de jeunes musiciens et en a découvert un grand nombre. Après avoir gardé quinze ans à ses côtés le pianiste David Kikoski, il travaille depuis quelques années avec Martin Bejerano qui donne de belles couleurs à sa musique. Au saxophone alto, Jaleel Shaw n’a pas encore la notoriété d’un Kenny Garrett ou d’un Marcus Strickland qui l’ont précédé dans la formation du batteur, mais il possède un réel talent de soliste. Pinky, une ballade, témoigne de son inspiration. Cet album est aussi l’occasion pour Roy Haynes d’inviter Roy Hargrove et son vieux complice Chick Corea qui tient une forme éblouissante. Outre une version brillante de Off Minor, les deux hommes nous surprennent dans All the Bars are Open, une improvisation modale que Roy colore de ses timbres.

 

Greg Reitan Daybreak coverGreg REITAN : “Daybreak” (Sunnyside/Naïve)

Pour nous montrer qu’il est capable d’enfiler des notes comme d’autres des perles, Greg Reitan introduit son disque par un court morceau virtuose. Il peut multiplier l’exercice, mais la pure technique ne l’intéresse pas. Sa musique n’est pas une voiture de course lancée à vive allure ; elle n’a pas besoin de vitesse pour révéler sa profondeur. Après “Some Other Time”  et “Antibes”, le pianiste poursuit sa quête musicale avec le même trio, Jack Daro à la contrebasse et Dean Koba à la batterie. S’il nous confie quelques bonnes compositions personnelles, la plus réussie étant The Bells of Soledad, une sorte de valse inspirée par une visite à la Nuestra Señora de la Soledad, mission du district de Monterey, il préfère reprendre des standards, les retravailler à sa manière, y greffer ses propres harmonies pour en laisser des versions aussi personnelles que neuves. Ils constituent un matériel inépuisable pour un pianiste inventif au toucher fin et délicat qui surprend par la fraîcheur de ses idées, la qualité de son langage mélodique. On pense à Bill Evans, à Vince Guaraldi qu’il admire et dont il interprète Great Pumpkin Waltz après avoir enregistré en 2008 Star Song, une autre de ses compositions. Greg aime aussi célébrer Wayne Shorter et Bill Evans. Après Re: Person I Knew (sur “Antibes”), Blue in Green s’ajoute à son répertoire, de même que Toy Tune de Shorter. Chelsea Bridge de Billy Strayhorn dont il réharmonise les premières notes du thème et Lament, probablement la plus belle pièce de J.J. Johnson, complètent un disque d’une rare élégance que couronne une magnifique version de Blue In Green longuement introduite en solo.

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commentaires

J
Cette année, trois papys octogénères ont frappé, avec des fortunes diverses : Sonny Rollins, Lee Konitz, Roy Haynes. Ce dernier s'en tire plutôt bien. La batterie maintient en forme, et le<br /> voisinage de Chick Corea et Roy Hargrove poursuit la tradition des rencontres fructueuses de Roy Haynes, qu'il serait trop long de citer au complet. Mais ce qui m'apparaît le plus intéressant est<br /> bien la prestation de Jaleel Shaw, révélé par Fresh Sound New Talent (Perspective). Je pense qu'il pourra figurer dans la prochaine édition du Nouveau Dictionnaire du Jazz.
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